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459 BAHR-EL-ABIAD (LE NIL BLANC). sache à quels péculats ils se livrent. Après le départ de nos en voyés, surviennent les amis du paysan arrêté pour avoir attaqué mes hommes; ils offrent à Budja une demi-douzaine de vachq$ s’il veut amortir l’affaire, et le digne fonctionnaire, qui s’y refusait lorsque je plaidais la cause de ce misérable par toute sorte d’excellents motifs, me demande maintenant de rappeler mes ambassadeurs. Je le ferais volontiers, attendu que le coupable est un des vassaux de la reine, et que les suites nécessaires au procès entamé pourrontjeter quelque froid dans les relations de la mère et du fils; — malheureusement il est trop tard, et au point où en sont les choses, nous ne pouvons plus reculer. 22 août. Frontière de l’Ouganda. Station du Nord. — Nous avons passé la nuit dans le dernier village qu’on rencontre derrière la frontière de l’Ouganda. Les Vouangouana demandent des muni tions, et organisent une espèce d’émeute pour en obtenir, bien qu’ils en soient mieux pourvus que jamais. Ils prétextent « les dangers de l’Ounyoro ; » mais, au fond, leur amour-propre seul est en jeu. Depuis le combat livré sur le Nil, mes gens se trou vent avoir plus de cartouches que ceux de Grant, et ces derniers n’acceptent pas une inégalité qui les choque. Malheureusement pour eux, les deux meneurs de la révolte se trouvent en contra vention aux ordres formels qui prescrivent de ménager les mu nitions, déjà excessivement réduites; aussi, par manière d’aver tissement aux autres, j’ai confisqué leurs fusils, et déclaré qu’il en serait de même à l’avenir, chaque fois que l’on aurait inuti lement brûlé de la poudre, soit de propos délibéré, soit par accident. 23 août. Frontière de l’Ounyoro. Station du Sud. — C’est avec une grande joie qu’après tant de difficultés, je suis parvenu à franchir la limite des deux pays, et que je me vois escorté par une députation des officiers de Kamrasi. Cette première marche nous montre la contrée sous un aspect monotone qui restera le même jusqu’à notre arrivée dans la capitale : une interminable forêt de menus arbres, de broussailles et de hautes herbes, dans laquelle sont dispersés, à de longues distances, de misérables villages où vivent, sous des huttes de dimensions restreintes, des habitants à l’aspect sordide, vêtus uniquement de pelleteries ; pour aliments principaux, en sus des chèvres et des volailles, ils ont la banane, la patate douce, le césame et Youlizi (millet).