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455 BAHR-EL-ABIAD (LE NIL BLANC). On représentait N’yamyonjo comme un chef indépendant, dont l’obéissance à Kamrasi n’avait rien de régulier et de bien assis. — « Il ne lui convenait pas de livrer à des yeux étrangers le secret des abris qu’il s’était ménagés le long du N’yanza, et puisqu’il ne voulait pas nous laisser descendre ce fleuve, les ordres de Kamrasi seraient certainement méconnus. D’ailleurs, nous lui avions tué du monde, et nous remettre en ses mains serait courir à une mort certaine. » Argumenter ♦était/ .inutile; la reprise de la navigation offrait d’inévitables lenteurs, et il était peut-être encore moins pratique de chercher à s’entendre par ambassade; aussi finis-je par céder, et tournant le dos au Nil, j’arrivai le lendemain (16) sur les bords de la Louajerri. Là, non sans mç causer un extrême étonnement, on vint me dire que Grant campait à peu de distance, revenant de chez Kamrasi. Je ne pouvais pas, disons mieux, je ne voulais pas croire à une pareille nouvelle, malheureusement trop d’accord avec l’échec que j’avais subi. Elle m’était cependant donnée, delà manière la plus précise, par des gens qui me pressaient de retourner chez le roi Mtésa. La proposition me parut absurde et fut immédiate ment rejetée. Je voulais une réponse de Kamrasi au message de notre reine touchant le commerce à ouvrir avec l’Angleterre ; je voulais aussi savoir pourquoi il méprisait les Anglais sans avoir jamais communiqué avec eux. Nous passâmes la nuit près de Kari, où nous vîmes reparaître, pour la troisième fois, le page-messager de Mtésa, qui venait s’enquérir de notre si tuation et me remettre en mémoire les cadeaux promis à ce prince. 17 et 18 août. — Deux jours entiers passés à chercher, sans l’assistance d’aucun guide, les traces du chemin que Grant avait dû suivre en nous quittant. Nous rencontrons fréquemment des jardins de bananiers, et la population se montre hospitalière, tout en se plaignant des exactions que lui font subir les pages du roi. « Si on ne résiste pas ouvertement à leurs insolences, c’est, m’as sure-t-on, par égard pour moi. » Je remarque qu’un système particulier de « borna, » ou palissades, protège ces villages contre les incursions des bêtes fauves. Les buffles abondent, mais les paysans, qui les regardent comme des animaux sacrés, nous con seillent de ne pas leur donner la chasse. Il est évident, au reste, d’après l’aspect du pays, qu’il regorgerait de gibier si la nature