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452 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. un caractère tout à fait belliqueux. Les Vouanyoro, cependant, supérieurs en nombre, gardèrent l’avance qu’ils avaient sur nous. Le soleil se couchait au moment où nous allions arriver à la résidence de N’yamyonjo. Sur un rocher, près du fleuve, un certain nombre d’hommes armés bondissaient, babillaient, bran dissaient leurs lances, tout à fait à la manière des Vouaganda. Je les pris d’abord pour tels, et supposai qu’ils nous faisaient bon accueil; mais il me suffit de jeter un regard sur le visage effaré de Kasoro pour m’assurer que tout au contraire ce langage animé, ces gestes violents étaient des menaces directes, un défi formel de descendre à terre. A mesure que nous avancions, la berge, s’élevant toujours, se couronnait de huttes et de plantations devant lesquelles se te naient groupés ou alignés des hommes en costume de guerre. A un moment donné, le canot que nous avions jusque-là pour suivi nous présenta le flanc, et se joignit aux démonstrations menaçantes des gens qui garnissaient le rivage. Je ne pouvais m’imaginer qu’il y eût là rien de sérieux, — je croyais à une simple méprise, — et, debout dans la barque, le chapeau à la main, je manifestais soit par mes paroles, soit par mon attitude, mes intentions pacifiques, sans toutefois produire le moindre effet. « On avait entendu, me criait-on, le bruit d’un tambour, et nécessairement la guerre devait s’ensuivre; » des deux côtés du fleuve, les tambours de Kamrasi donnaient à la population tout entière le signal de courir aux armes. Les choses prenaient un aspect sérieux. Pour surcroît de complications, un second canot, rempli de gens armés, sortit des roseaux que nous avions laissés derrière nous, comme si on prétendait nous couper la retraite, et celui qui nous devançait venant à notre rencontre, nous nous trouvions à peu près bloqués. Nous retirer de conserve semblait être notre unique chance de salut, mais il commençait à faire nuit, et l’équipage de mes barques était insuffisant. Je donnai l’ordre de naviguer au plus près les uns des autres, et de battre ainsi en retraite, offrant des munitions de guerre en guise de stimulant. Tous me suivirent, en effet, sauf une des barques dont l’effroi semblait paralyser la manœuvre, et qui virait sur elle- même à la manière des canards blessés. Les Youanyoro, quand ils nous virent chercher notre salut dans la fuite, se mirent à crier d’un groupe à l’autre : — « Vous