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451 BAHR-EL-ABIAD (LE NIL BLANC). propos les fit rire, et ils me demandèrent, avec une sublime effronterie, « si je les croyais disposés à rester auprès de moi, la bataille une fois commencée?» Or, c’était là justement faire allusion à ce que je redoutais le plus, leur désertion au mo ment du danger. 14 août. — Je tins conseil sur ce qu’il y avait de mieux à faire. Les Vouaganda réclamaient une halte qui me permît de tâter le terrain et qui d’ailleurs, selon eux, était conforme aux lois de l’étiquette. « N’yamyonjo, disaient-ils, cherche à vous effrayer; N’yamyonjo dispose d’une centaine de barques; si nous essayons de forcer le passage, il nous sera refusé très-certainement, à moins qu’on ne soit tombé d’accord en s’expliquant avec lui. Pareille mésaventure est fréquemment arrivée à nos compa triotes. » J’alléguais, de mon côté, que Grant, depuis longtemps arrivé chez Kamrasi, avait dû mettre ordre à tous ces obstacles. Du reste, s’ils tenaient à négocier et s’ils voulaient fournir les hommes d’escorte, Bombay pouvait immédiatement nous de vancer par voie de terre, et nous le suivrions en bateau, de ma nière à lui laisser le temps d’annoncer notre arrivée. Après de vifs débats, cette détermination étant adoptée, Bombay partit à dix heures du matin, et nous ne nous mîmes en route qu’à cinq heures du soir, ce qui restait de jour suffisant amplement à une si courte traversée. La frontière des deux pays fut bientôt fran chie, et dès ce moment les deux rives du fleuve, celle de l’Ou- soga comme celle de l’Ounyoro, appartenaient à Kamrasi. Je me flattais d’achever cette partie du voyage sans mettre pied à terre, et de n’avoir plus qu’à me laisser emporter au cou- rantdu Nil, puisque Kamrasi m’avait fait promettre, par Kidgwiga, de me fournir des barques pour la traversée au Gani où, selon les bruits répandus, les vaisseaux de Petherick stationnaient pour m’attendre ; mais il en fut de cet espoir comme de beau coup d’autres, sur cette terre africaine, fertile en déceptions de tout genre. Au bout de peu d’instants, un canot de grande dimen sion, garni d’hommes bien vêtus et bien armés, fut signalé comme venant droit à nous. Nous avançâmes, et il prit chasse comme si notre attitude l’effrayait. Nos équipages forcèrent de rames, et le sien d’en faire autant, les tambours de part et d’autre marquant la mesure, ce qui donnait à cette poursuite