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PENTES SEPTENTRIONALES DE L’AFRIQUE. 441 Mtésa, et justement à quarante miles de cette royale demeure, dans la direction de l’est. Nous étions bien payés de nos peines, car « les Pierres, » — c’est le nom que les Vouaganda donnent aux Chutes, — nous of fraient le spectacle le plus digne d’intérêt que j’aie rencontré dans le cours de nos voyages en Afrique. Bien que la marche eût été longue et fatigante, chacun a pris sa course pour en jouir plus vite. Le paysage, si beau qu’il fût, n’était pas exactement tel que je l’avais imaginé, car la grande nappe du lac nous était dérobée par une pointe, un promontoire des hauteurs adjacentes ; et les Chutes, qui ont environ douze pieds de profondeur sur quatre à cinq cents de large, sont coupées çà et là par des rochers. Néan moins le tumulte des eaux, — le bond fréquent des poissons voyageurs, — les pêcheurs de l’Ousoga et de l’Ouganda, venus en bateau et postés la ligne en main sur toutes les saillies de la roche, — les hippopotames et les crocodiles promenant sur l’onde leur oisiveté endormie, — au-dessus des Chutes le pas sage d’une rive à l’autre, les troupeaux qu’on menait boire aux bords du lac, — tous ces détails, ajoutant leur charme vivant à celui d’une riante nature, composaient un ensemble aussi attrayant que possible. L’expédition avait désormais atteint son but. Je voyais l’antique Nil sortir du Victoria-N’yanza. Je m’assurais que, selon toutes mes prévisions, ce grand lac donne naissance à la rivière sacrée sur laquelle a flotté Moïse enfant. Je regrettais, il est vrai, que mille et mille retards inévitables m’eussent empêché d’aller exa miner, à l’angle nord-est du N’yanza, ce détroit mentionné si fré quemment, qui l’unit à un autre lac où les gens de l’Ouganda vont chercher leur sel, et d’où s’écoule vers le nord un second fleuve entourant l’Ousoga d’une véritable ceinture d’eau. Mais je n’en étais pas moins reconnaissant envers la Providence pour ce qu’elle m’avait permis d’accomplir, car enfin j’avais vu par moi-même une bonne moitié du lac, et sur le reste, je m’étais procuré des renseignements qui me permettaient d’éclaircir les points essentiels à la science géographique. Résumons maintenant les notions acquises, et voyons au juste ce qu’elles valent. Il résultait pour moi, d’informations soigneusement contrô lées, que sur la rive orientale du lac, il y a autant d’eau, — peut-