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PENTES SEPTENTRIONALES DE L’AFRIQUE. 437 Mais jamais ils n’ont voulu la laisser entrer chez moi sans qu’au préalable on l’eût écorchée. Ceci en vertu d’une croyance superstitieuse, et parce qu’ils s’imaginent que les habitants de l’établissement ne pourraient jamais tuer d’autres animaux de la môme espèce, si cette précaution était omise. 25 juillet. — Chutes d'Isamba. J’ai remonté la rive gauche du Nil, à une distance considérable de l’eau, jusqu’aux chutes d’Isamba, tout au travers de jungles luxuriantes et de jardins bananiers. Nango, que je connais de vieille date, et qui com mande ce district, nous a régalés de bananes en compotes et de poisson sec, le tout arrosé de pombé. Les éléphants le menacent souvent de leurs visites, à ce qu’il nous dit, « mais il prend soin de les écarter au moyen de talismans, car s’ils venaient à goûter une seule banane, ils ne quitteraient le jardin qu’après l’avoir complètement ravagé. » Il nous a conduits ensuite aux chutes les plus voisines; elles sont très-belles, mais très-resserrées. L’eau du Nil court profonde entre ses rives couvertes d’épais gazons, d’acacias aux contours nuageux, et de convolvuli qui envoient de toutes parts leurs guirlandes nuancées de lilas. Partout où le sol s’est affaissé sous l’action des eaux, on entre voit un terreau rouge qui rappelle celui du Devonshire; le cou rant, arrêté ici par une digue naturelle, forme une espèce d’étang sombre et sinistre où deux crocodiles, tout en se baignant, guet taient leur proie. L’ensemble du tableau était plus féerique, plus sauvage, plus saisissant, —je hasarde cette comparaison, parce qu’elle me vint alors à l’esprit, — que rien de ce que j’ai pu voir, à l’exception des décors de théâtre. En jetant un pont d’une rive à l’autre, et par un beau clair de lune, c’était bien là le site le mieux adapté à une scène de brigands assemblés pour quelque hideuse entreprise. Les Vouangouana eux-mêmes sem blaient sous le charme; pas un ne fit mine de s’éloigner jusqu’au moment où la faim nous avertit que la nuit allait venir et qu’il était temps de chercher un abri. 26 juillet. — Kirindi. Nous repartons après avoir appris que, par suite du meurtre commis à Kari, on a mis la main sur trois Vouakoungou de cette localité. Notre guide prétend que la jour née est trop avancée pour traverser les jungles qui nous sépa rent encore, soit de la source du Nil, soit du palais de Mtésa; puis quand il nous a décidés à faire halte jusqu’au lendemain,