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434 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. à chaque instant, — ce qui tient sans doute à leurs habitudes vagabondes. Le page du roi est revenu avec de nouvelles recommandations au sujet du fusil et des « stimulants » que le roi désire. Il était porteur des divers objets que j’avais réclamés,—deux lances, un bouclier, un poignard, deux peaux de chat-pard et deux couver tures en peaux de petites antilopes. Je conseillais à mes gens de se raser la tête et de se baigner dans cette rivière sainte, berceau de Moïse, dont on vient chercher l’eau de fort loin pour la transporter à la Mecque et la vendre aux pèlerins musulmans. Mais Bombay, philosophe de l’école épicurienne, m’a répondu froidement : —«Nousn’envisageons pas les choses à votre point de vue chimérique ; le côté vulgaire et positif de la vie nous suffit parfaitement; nos désirs ne sont pas au delà de l’existence présente.... Si les choses tournent mal, c’est que Dieu l’a voulu; si elles vont bien, c’est qu’il s’est montré favorable. Dans ce dernier cas, on se félicite, et dans le premier on se résigne.... A quoi bon s’inquiéter d’autre chose ? » 22 juillet. — Le chef de la station, escorté de nombreux clients, est venu nous offrir, avec ses hommages, une vache, une chèvre et quelques pots de pombé. Toutes les barques que la station peut fournir, au nombre de sept, seront prêtes dès demain, à ce qu’il assure, et d’ici là les guides se présentent en foule pour me conduire aux meilleurs terrains de chasse. Dans la soirée, j’ai parcouru ces belles campagnes peuplées d’antilopes, également heureux comme paysagiste et comme chasseur. Un magnifique nsounnou mâle était seul de ce côté de la rivière, bien qu’on vît sur le rivage de l’Ousoga un troupeau complet de hartebeests. Une balle coucha par terre ce gentil ani mal, mais la racaille qui nous guettait l’eut à peine vu atteint, qu’elle se précipita sur lui et le fit repartir, car il était seulement blessé. Nous suivions sa trace sanglante, lorsqu’un pongo (bush- boc), que nous fîmes lever, sépara le groupe des chasseurs. En me jetant après lui, je tombai sur un autre nsounnou que j’abattis du premier coup, et pendant qu’on transportait les deux premiers à mon domicile, j’en tirai un troisième qui, traversé de part en part, ne m’en fit pas moins courir inutilement jusqu’à la nuit. Au retour, je tirai un tette-chèvre d’une espèce à part, remarquable par l’excessive longueur de quelques-unes de ses