Volltext Seite (XML)
LE PALAIS DE L’OUGANDA. 421 — Certainement, répondis-je, car voici quatre ans, et plus, que je ne suis rentré chez moi (je comptais une année par cinq mois, ainsi que cela se pratique dans l’Ouganda). — Et vous persistez à me refuser des stimulants? — Impossible, à cet égard, de satisfaire Votre Majesté. — Il faudra donc m’en envoyer du Gani. A défaut d’autres, j’accepterai de l’eau-de-vie. Cette boisson-là fait dormir et donne des forces. » ' ' Nous allâmes ensuite chez la reine pour lui faire nos adieux, mais nous ne fûmes pas admis auprès d’elle. De retour chez moi, je trouvai la moitié de mes gens en état de révolte. Ils étaient allés réclamer, pour leur propre compte, le bétail et les femmes que j’avais cru devoir refuser : — « Si le Dana peut s’en passer, disaient-ils, nous ne devons pas, nous, en être frustrés, après avoir supporté dans le pays toutes sortes de privations, affamés la plupart du temps, et battus pour notre peine quand nous voulions nous procurer de quoi manger. Nous ne servirons plus sous les ordres du Bana; puisqu’il marche au nord,.nous retournerons dans le Karagoué ou dans l’Ounya- nyembé.... » Bombay leur répliquait, cependant, que jamais de leur vie ils n’avaient joui d’un meilleur régime que celui de l’Ou ganda, énumérant les cinquante ou soixante vaches que nous avions tuées, le pombé, les bananes dont ils ne manquaient jamais quand ils voulaient se donner la peine de fourrager. En regard des coups de bâton qu’ils avaient çà et là reçus, il faisait figurer les femmes obtenues à titre de compensation ; si bien que le Bana devait regretter, disait-il, tant de démarches faites auprès du roi pour leur procurer des aliments, et leur assurer ainsi un privilège refusé à tous les autres visiteurs, d’autant qu’ils n’en avaient pas tiré parti, comme ils l’auraient dû, pour mettre en relief les inconvénients du système de pillage pratiqué dans l’Ouganda. 5 juillet. — Nouvelle visite au roi, qui me réitère ses proposi tions, et semble me voir avec un certain regret persister dans mes refus. Budja intervient, assurant * que je ne connais pas le pays où je m’engage, et que, parmi ces jungles où sévit la fa mine, j’aurai à regretter de ne pas m’être assuré les subsistances nécessaires. » Là-dessus, le roi donne ordre qu’on mette à ma disposition soixante vaches, quatorze chèvres, dix charges de