LE PALAIS DE L’OUGANDA. 419 Roumanika était au courant de nos intentions relativement à Kamrasi, et s’il se doutait que nous voulussions quitter l’Ouganda par la frontière du Nord. Il lui fut répondu que le Bana, dès son arrivée, avait écrit au « petit maître 1 » (Bana Mdogoj et l’avait informé, en même temps que Roumanika, de tous les engage ments qu’il comptait prendre. « Écrire? qu’est-ce que cela signifie?... » Et je dus entrer, à cet égard, dans des explications détaillées. Mtésa, se méfiant désormais des assertions de K’yengo, l’accusa de fabriquer des contes, lui ordonna de sortir, ainsi que ses gens, et m’invita, au contraire, à me rapprocher du trône. Nous touchions enfin au moment du triomphe, et les difficultés qui s’opposaient à la continuation de notre voyage se trouvèrent soudainement levées! Le roi nous laissa voir'presqueaussitôt le motif qui avait le plus agi sur sa détermination. — * Il ne lui convenait pas, disait-il, de recourir à Roumanika pour tout ce dont il avait besoin ; il voulait que ses hôtes vinssent à lui sans obstacle ; Roumanika, d’ailleurs, lui avait fait demander de ne pas permettre que nous sortissions de l’Ouganda, et de nous resti tuer à lui quand nous aurions terminé nos excursions dans ce royaume. Qu’était Roumanika pour se permettre un pareil lan gage? Quelle déférence devait-on à Roumanika? Mtésa n’était-il pas le roi du pays, et, comme tel, parfaitement libre d’agir à sa guise? » Nous accueillîmes ces bravades par un sourire d’approbation. De plus en plus exalté par les fumées qui lui montaient à la tête, l’orgueilleux Mtésa me demanda « qui je préférais de Rouma nika ou de lui? » Question délicate que j’éludai de mon mieux en disant que j’aimais beaucoup Roumanika dont l’éloquence et l’humeur communicative m’avaient charmé. « Quant à Mtésa, je l’aimais aussi, parce que ses habitudes ressemblaient aux miennes et parce que son aptitude à profiter de mes leçons me l’avait rendu cher à tout jamais. » J’éprouvais une satisfaction de plus en plus vive en m’assurant que mon succès n’était pas un rêve; Budja venait d’être désigné pour nous escorter dans l’Ounyoro; il était prescrit à Jumba de nous préparer des barques, afin que nous pussions arriver par eau chez Kamrasi. Viaroungi, parlant au nom de Roumanika, 1. C’est le capitaine Grant qu’on désignait ainsi.