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416 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. Les malheureux s’excusaient d’un air humilié, affirmant, ce qui était vrai, qu’ils avaient quitté leurs habitations du Sorombo pour venir la voir et pour faire un peu de trafic. Chaque jour, depuis leur arrivée, ils s’étaient présentés aux portes de son palais, sans qu’elle eût jamais daigné se montrer à eux, si ce n’est quand les * hommes blancs » avaient le bonheur d’être admis, et lorsque se trouvait ainsi levée une consigne inexorable. « — Et que m’avez-vous apporté, je vous prie ? répéta la reine ; où donc se cache le tribut que vous me devez?... Tant que je ne l’aurai point palpé, vous n’aurez ni le privilège de me voir, ni celui de commercer dans le pays.... L’Ouganda n’est point un asile pour les vagabonds et les oisifs. » Nous sollicitâmes alors une entrevue particulière, mais, comme il vint à pleuvoir, la reine battit en retraite en nous faisant prier d’attendre son retour. Dans l’intervalle, un officier nous fut envoyé pour nous demander •< comment il se faisait que la montre donnée à la N’yamasoré ne marchât pas comme celle dont nous avions fait présent à Mtésa ?» Le manque de clef suffisait pour expliquer ce phéno mène, et toujours attentifs au grand objet de nos démarches, nous saisîmes cette occasion d’ajouter « qu’il nous serait, facile de lui procurer, en place de celle-ci, une montre au grand com plet, dès que nous serions arrivés au Gani, pourvu cependant qu’elle nous fît accompagner par un de ses officiers. » La reine, accroupie dans sa hutte, nous fit asseoir à l’extérieur, mon camarade et moi, pour recevoir un présent qu’elle desti nait, disait-elle, à ses « chers enfants. » C’était, pour chacun de nous, cinq œufs et un coq. S’occupant ensuite de nos cadeaux, elle apprit à porter sa montre, suspendue par un cordonnet au tour de son cou, et maintenue ainsi entre ses mamelles qu’aucun voile, hélas ! ne déguisait à nos regards. Quand nous lui eûmes enseigné comment ce bijou s’ouvrait et se refermait, elle se dé clara complètement satisfaite. La clef n’était à ses yeux qu’un annexe très-secondaire, n’ajoutant rien à l’admiration des gens à qui elle montrait ce capricieux instrument. La serviette et les mouchoirs eurent aussi leur part d’éloges; « mais à quoi peuvent- ils servir? — A essuyer les lèvres de Votre Majesté quand elle a fini de boire. — Fort bien, je comprends, et je supprimerai dé sormais les serviettes en mbougou... Maintenant que veut le Bana ?» Ce fut Bombay qui se chargea de répondre pour moi. —