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410 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. Kahala s’est enfuie du camp, avec une autre jeune fille, dans le courant de la soirée. Avertie par le mauvais succès de sa pre mière évasion, elle avait eu soin de prendre une direction tout opposée; mais, faute de dépouiller leurs parures, les deux fugi tives ont été bientôt reconnues comme appartenant, de manière ou d’autre, à ma caravane. Arrêtées et ramenées au camp, elles ont eu à subir mille railleries sur l’absurdité de leur conduite, et nous les avons vues finalement s’en égayer elles-mêmes. 24 juin. — Dans l’espoir d’obliger le monarque à tenir sa pro messe, je suis retourné ce matin au palais, d’où il était déjà sorti pour aller voir ses frères. Je me suis permis de l’y suivre et l’ai surpris au milieu d’eux, jouant de l’harmonica. Il ne s’est dérangé, d’abord, que pour me demander comment j’avais pu découvrir où il était ; mais un peu plus tard, cessant tout à coup sa musique, il m’a fourni l’occasion de lui dire que je comptais dès demain expédier Grant au Karagoué, pendant que je me met trais moi-même en route pour l’Ousoga et le lac salé 1 . « Eh quoi! vous partez? » m’a dit Mtésa, comme si nous n’avions jamais échangé un seul mot à ce sujet. Puis, reprenant en sous-œuvre toute cette combinaison — et paraissant s’inquiéter surtout de la quantité de poudre que j’ai entreposée chezRouma- nika, — il m’a promis de m’envoyer demain matin les officiers qui devront nous escorter respectivement, mon camarade et moi. Les femmes de ses frères désirant nous voir, on les a conduites devant nous, et il a fallu procéder aux exhibitions d’usage, ôter mon chapeau, mes souliers, etc. Ce qui m’a d’ailleurs valu maint et maint compliment, dont ma personne et mon carac tère faisaient tour à tour les frais. Les princes, en revanche, ont voulu me montrer quelques échantillons de leur industrie, entre autres un tabouret en bois fabriqué sur le modèle de celui qui nous sert à dessiner; puis un fourreau de fusil en cuir, aussi bien travaillé qu’il eût pu l’être dans l’Inde. Le roi nous condui sit ensuite au bord de son étang. Nous y traitâmes de nouveau la question des drogues stimulantes et de maint autre phénomène physiologique; puis, à la lueur des torches, nous revînmes au palais, où Mtésa nous montra un certain nombre de huttes ré- 1. Ce lac, nous le rappelons à nos lecteurs, est celui qui porte, sur'a carte du capitaine Speke, le nom de Baringo (ou Bahr-Ingo?) I.ake.