404 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. entrer chez nous. Deux réponses nous arrivent coup sur coup du palais. Mtésa nous fait dire qu’il rassemble tous ses hommes pour faire faire les perquisitions les plus exactes; en cas de non- réussite, le Mganga sera convoqué. Au fond, Sa Majesté n’a rien fait et ne fera rien. Ces misérables pages sont revenus à la nuit, alléchés par quel que nouveau larcin; mais Kahala, plus en alerte que je ne l’étais moi-même, a distingué le bruit qu’ils faisaient en cherchant à dénouer le loquet de la porte, et ses efforts pour m’éveiller les ont mis en fuite. 14 et 15 juin. — Mon camarade Grant, qui montait la garde à ma place, est resté toute la journée au palais sans pouvoir ob tenir audience. K’yengo a reçu la mission, toujours profitable, d’une saisie en masse à pratiquer sur les Vouakoungou récal citrants. 16 juin. — J’ai renvoyé Kahala, que j’assigne définitivement à Bombay, charmé d’en faire sa femme. Mon principal grief est qu’au lieu de se conduire comme une jeune personne bien éle vée, elle ne cesse de jouer avec des enfants malpropres, qui lui ont bel et bien donné la gale. Notre séparation n’a pas été tout à fait volontaire de sa part : la pauvre enfant avait même juré que la violence serait nécessaire pour la contraindre à sortir de chez moi ; il fallait bien cependant, dussé-je en venir à ces extré mités, me débarrasser du fardeau que m’avait imposé l’impru dente générosité de la reine mère. K’yengo s’est présenté au palais, ramenant cinquante prison niers ; mais comme le roi se divertissait avec ses femmes, sur le petit étang où elles se baignent, à voir naviguer un canot qu’il vient d’y faire lancer, aucune affaire sérieuse ne pouvait se traiter aujourd’hui. 17 juin. — Une première promenade signale ma convalescence. Le roi, qui a chassé toute la journée, me fait vers le soir deman der de la poudre. Oulédi est revenu de son expédition contre un officier de Kituntou, ramenant avec lui une dizaine de captives. L’officier lui-même avait brusquement disparu de ses domaines, et comme ils se trouvent, en vertu de je ne sais quel privi lège ecclésiastique, à l’abri de toute éviction purement civile, Oulédi est frustré de la vaste propriété que le roi lui avait pro mise.