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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 401 si j’essaye de passer en vue du palais de Kamrasi, lequel est situé sur le fleuve, ce prince me fera certainement mettre à mort, en souvenir du temps où j’ai conduit une armée jusqu’au cœur de ses États et l’en ai ramenée victorieuse. Nous aurions beau, comme vous le proposez, attribuer à cette mission un caractère purement pacifique, les Vouanyoro se méfient telle ment des Vouaganda, qu’ils prendront spontanément les armes sans se demander dans quel but nous venons. » Un certain Mou- rondo, que nous avons rencontré au palais de la reine, paraît être allé jadis jusqu’à la frontière du Masai. Il affirme qu’il fau drait un mois de navigation pour se rendre de Kira (le district le plus oriental de l’Ouganda) jusqu’au Masai, où se trouve un autre lac, joint par un détroit au N’yanza principal, et où les barques du roi Mtésa vont fréquemment chercher du sel. Néan moins, la plus grande partie de ce voyage pourrait être faite en quatre étapes par la voie de terre, après quoi on n’aurait plus à naviguer que pendant trois jours. La reine, après m’avoir fait faire antichambre toute la journée, a prétexté un excès de fatigue qui l’empêchait de recevoir des visites. Trois régimes de bananes et un pot de pombé nous ont été remis de sa part au moment où nous nous retirions d’assez mauvaise humeur. 6 juin. — Ma promenade du matin m’a fait rencontrer Pokino 1 , le gouverneur général de l’Uddou, arrivé en même temps que Grant pour faire une visite à la cour. Il m’a offert d’entrer chez lui pour y boire du pombé, fort surpris d’ailleurs de me voir accepter son offre sans l’autorisation du roi. J’ai vu l’insigne de ses fonctions : c’est une hachette de fer incrustée de cuivre, avec un manche d’ivoire. Il voulait d’abord nous offrir une vache, mais un instant de réflexion lui a fait remettre à des temps meil leurs cette libéralité prime-sautière. Le roi, qui rentrait au palais avec ses frères, nous a distingués parmi ses courtisans, et il a donné ordre d’introduire aussitôt « le Bana, » Tandis qu’il admirait et faisait admirer à ses proches quelques dessins que nous lui avions apportés, Pokino vint se prosterner à ses pieds avec force n’yanzig, pour lui faire hom- 1. Pokino, employé ici comme nom propre, l’est ailleurs comme indiquant la fonction de gouverneur provincial. Nous ne pouvons que signaler cette inadver tance du voyageur, sans trancher la question qu’elle soulève. — IV. du T. 26