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400 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. causé toute sorte d’ennuis et de déconsidération. Après avoir vainement cherché à s’excuser, celui-ci, faisant droit à ma requête, a promis d’aller s’établir séparément avec Viaroungi, son supérieur hiérarchique. A mon arrivée chez le roi, dans l’après-midi, j’ai constaté que les pages avaient mis à part les bananes destinées à mes gens et le pombé dont Sa Majesté me gratifie. Mtésa, m’accueillant avec cordialité, a désiré savoir si je persistais dans mon idée d’aller au Gani. * Plus que jamais! » ai-je répondu aussitôt; et je l’ai prié de m’adjoindre quelques officiers assez intelligents pour appré cier ce que j’allais faire en vue de la route permanente que je voudrais frayer aux futurs explorateurs de ces contrées incon nues. Ici, son humeur capricieuse s’est encore fait jour, et il m’a remis, avec un sang-froid agaçant, à l’époque où ses messa gers seront revenus de l’Ounyoro. Je lui ai remontré que leur voyage ne pouvait aboutir, puisque Budja était parti sans em porter mes lettres et sans emmener aucun de mes gens. * D’ail leurs, lui ai-je dit, la route par le fleuve est la seule qui puisse jamais servir les intérêts de l’Ouganda, et celle qu’il faut tendre à ouvrir le plus promptement possible. » Je le suppliais de se prêter à mes conseils et d’expédier à Kamrasi, sans le moindre retard, quelques-uns de mes Vouangouana, pour faire connaître à ce prince que j’ai l’intention de me rendre chez lui par bateau en descendant la rivière. Cette demande formelle n’a obtenu aucune réponse. Bombay s’avisant de réclamer des vaches pour les Vouangouana, sa témérité a paru grande, et le roi s’est fran chement moqué de lui avant de lever la séance. b juin. — A mi-chemin du palais de la reine, chez laquelle je me rendais, j’ai rencontré Congow, qui venait de la reconduire chez elle après une visite dont elle l’avait honoré. Il me passa par la tête de provoquer le brave colonel, par quelque innocent mensonge, à me faire connaître l’opinion des indigènes sur la question de savoir si le Nil est navigable ou non dans le voisi nage de l’endroit où il sort du N’yanza. Je lui dis, en consé quence, « qu’il venait d’être désigné par le roi pour nous accompagner au Gani, où nous comptions nous rendre en des cendant le fleuve. » Il prit la chose fort au sérieux, et parut se croire dans un péril imminent : « Quoi qu’il arrive, disait-il, mes jours sont comptés. Si je refuse d’obéir, on me coupera la tête ;