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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 399 Je m’attendais à voir sortir de tout ceci quelque décret sangui naire; mais Sa Majesté, fidèle à ses habitudes capricieuses, leva tout à coup la séance et passa dans une autre cour, où seule ment un petit nombre d’élus fut admis à le suivre. Là, se tournant tout à coup vers moi : « Bana, me dit-il, je vous aime, d’abord parce que vous êtes venu me voir de si loin, et ensuite pour toutes les belles choses que vous m’avez apprises depuis que vous êtes ici. » Fort étonné de cette bizarre déclaration, qui me trouvait l’es tomac vide et le cœur rempli d’amertume, je n’en témoignai pas moins, avec un respectueux salut, combien j’étais flatté d’in spirer au roi des sentiments si favorables : « ils me donnaient l’es poir, ajoutai-je, que Sa Majesté voudrait bien prendre en consi dération l’état de famine auquel mes gens se trouvaient réduits. — Comment, s’écria Mtésa, manqueriez-vous de chèvres, par hasard ? » Puis, sur ma réponse affirmative, il enjoignit à ses pages de m’en fournir immédiatement une douzaine, qu’il leur rembour serait sur les confiscations à venir, la ferme royale se trouvant pour le quart d’heure un peu dégarnie de bétail. « Ceci, repris je, ne suffisait pas : mes Vouangouana manquaient de bananes, au cune distribution ne leur ayant été faite depuis quinze jours. » Le roi parut fort choqué de la négligence de ses pages, et leur prescrivit de la réparer à l’instant même. Je voulus l’entretenir du projet dont j’ai parlé plus haut 1 , mais il ne songeait qu’à la boussole dont je lui avais fait présent, et nous congédia dès que je lui en eus expliqué l’usage. 4 juin. — Viaroungi, l’officier chargé par Roumanikad’escorter mon camarade et aussi de solliciter l’assistance du roi Mtésa, est venu ce matin, en compagnie de Rosaro, me demander pour leur maître un présent de quarante vaches et de deux esclaves mâles, présent que les trafiquants arabes ont coutume de prélever à son profit sur ceux qu’ils reçoivent du roi de l’Ouganda. J’ai répondu « qu’un Anglais ne se défaisait jamais des cadeaux acceptés par lui, et, quant aux esclaves, que bien loin d’en faire commerce, nous leur donnions invariablement la liberté. » Je me suis plaint ensuite de Rosaro, dont le voisinage immédiat m’a 1. Celui de se rendre au Gani par les voies navigables, tandis que le capitaine Grant retournerait au Karagoué, en explorant la rive occidentale du N’yanza.