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398 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. besogne, lorsque le roi, qui, ses deux lances en main et son chien à côté de lui, se tenait debout sur un tapis devant la hutte centrale de la première cour, entouré de ses frères et d’un nom breux état-major, s’avisa de commander au régiment un défilé par colonnes, afin de le voir plus à son aise; puis, se tournant vers ses officiers, il leur prescrivit de circuler à toute course parmi les rangs, pour lui rendre compte de leur opinion sur l’organisation de ce corps. Un désordre général devait être et fut en effet la conséquence de cette ridicule manœuvre, après laquelle les officiers revinrent, faisant mine de charger le roi, la lance haute, dansant devant lui, exaltant le nombre des soldats, la grandeur du monarque, et jurant à ce dernier une fidélité in violable. Le régiment reçut ensuite l’ordre de déposer ses fagots, et les guerriers qui le composaient, armés de bâtons en place de lances, imitèrent de leur mieux les bonds, les charges, les vociférations qu’ils venaient de voir accomplir par leurs officiers. Mkavia, là-dessus, présenta au roi cinq chèvres de l’Ousoga, remarquables par la longueur de leur toison, et n’omit-aucun des n'yanzig requis en pareille circonstance. Mtésa, questionné par nous sur le chiffre de son armée, se contenta de nous répon dre : * Comment le connaîtrais-je, lorsque vous avez sous les yeux un simple détachement convoqué pour transporter du bois? » Le régiment fut ensuite congédié, mais on invita les officiers à suivre le roi dans une des cours intérieures, où il les félicita d’avoir réuni tant de monde. Au lieu d’accepter purement et simplement cette louange, ils s'excusèrent de n’ôtre pas venus encore plus nombreux, « et cela, disaient-ils, parce que certains de leurs subordonnés profitaient de leur lointaine résidence pour se soustraire à l’appel. » Maoula, toujours prêt à provo quer les mesures de rigueur, ne manqua pas d’ajouter que, « s’il parvenait à convaincre les Vouaganda de l’obéissance qu’ils lui devaient, on ne verrait plus un seul exemple de refus pareils. » Et Mtésa, prenant tout aussitôt la balle au bond : « Manquer de soumission vis-à-vis de vous, dit-il, c’est me désobéir de la manière la plus formelle, car je vous ai nommé mon aide de camp, et vous personnifiez dès lors la volonté royale. » A peine ces mots prononcés, Maoula, se dressant en pied et se précipitant sur le roi, la baguette en arrêt, finit par se rouler à ses pieds avec les n’yanzig de la reconnaissance la plus effrénée.