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394 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. ment, le reste de nos gens ayant préféré les chances de la ma raude à celles que leur offrait l’hospitalité douteuse de la N’ya- masoré. Après une heure d’attente, la reine nous a reçus avec force sourires. Le pombé, les bananes qu’elle a fait placer de vant nous étaient destinés exclusivement — elle a pris soin de le dire — à son nouveau visiteur. Cette distinction, véritable trait de politique sauvage, avait pour but de traiter Grant comme une personne à part, voyageant pour son propre compte, et d’obtenir ainsi une nouvelle taxe de passage, un hongo particu lier. Cette petite ruse me fit sourire, et je remerciai directement la reine de sa générosité * envers ma maison; » j’ajoutai que lorsque j’aurais pu faire venir du Karagoué le demeurant de mes marchandises, je me hâterais, selon ma promesse, de lui faire accepter quelques présents supplémentaires. * Les messagers du roi, par malheur, méconnaissant les instructions à eux données, avaient doublement déçu mes espérances, d’abord en changeant l’itinéraire de Grant, qui devait voyager par eau, puis en ne m’apportant pas ce que les circonstances m’avaient contraint de laisser entre les mains de Roumanika. » La reine, peu satisfaite de ces raisons, insistait pour que Grant s’acquittât envers elle, par un cadeau quelconque, de l’hommage qü’il lui devait. Pour détourner la conversation, je lui demandai « d’employer son influence à nous ouvrir un passage vers le Gani, ce qui était, en somme, le meilleur moyen de faire affluer dans l’Ouganda ces nouveautés dont elle semble éprise. » Avec une subtilité dont je ne l’aurais pas crue capable, elle nous promit immédiatement son concours, « à condition que Grant ne partirait pas en même temps que moi, vu qu’elle n’avait pas encore assez de sa présence. » Il est convenu que, dès demain, elle traitera cette affaire avec son fils. En réalité c’était bien là nôtre premier rayon d’espérance, et je m’occupai d’orgaiÿser nos opérations futures de manière à leur faire produire quelques résultats pratiques, sans effarou cher l’humeùr capricieuse de notre hôte. Tandis que j’inspec terais le fleuve et que j’essayerais de naviguer jusque dans le Gani, Grant, me disais-je, retournera par eau dans le Karagoué pour aller y chercher notre arrière-train ; cette traversée sur le lac lui permettra de se procurer les informations dont il a été frustré par les manœuvres de Maribou, le commandant de son