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390 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. ciles à mener de sang-froid, nous nous proposions toujours le même objet, celui de nous faire montrer le Nil à son issue du N’yanza, et de vérifier ainsi un phénomène sur lequel, depuis longtemps, mon esprit ne conservait aucun doute. Sans le conr sentement, que dis-je? sans le concours et la connivence de ce capricieux sauvage à qui j'avais affaire, il ne fallait pas songer à la réalisation de ce projet. On ne s’étonnera donc pas que je fusse constamment au guet, pour glisser à propos dans le cours de tous nos entretiens, quelques paroles de nature à nous rappro - cher de ce grand but. L’occasion, celte fois, me semblait favo rable, et nous risquâmes une requête directe, tendant à obtenir des embarcations pour essayer de nous rendre par eau vers le Gani, en supposant que le lac et le fleuve fussent navigables sur leur parcours entier; nous demandions aussi que Kitounzi nous accompagnât avec une mission officielle, afin de ramener tout ce qui serait fait à notre important dessein de frayer pour le com merce une nouvelle voie par laquelle trouveraient leur chemin vers l’Ouganda les divers articles de fabrique européenne. Nous n’en vînmes pourtant pas à nos fins. La pétition, attentivement écoutée, — et qui avait été parfaitement comprise, maint et maint commentaire nous le prouva, —la pétition n’obtint aucune réponse directe. Il n’entrait pas dans mes combinaisons diplo matiques de laisser voir toute l’importance que nous attachions à cette question. Je dus, par conséquent,manifester une certaine indifférence, et je pris ce temps pour réclamer ma boîte à couleurs que le prince, après me l’avoir empruntée un jour, retenait depuis plusieurs mois. Cette nouvelle demande rencon tra le même silence que la première; mais je fus immédiate ment harcelé au sujet de la boussole, promise, on s’en souvient peut-être, pour l’époque où Grant serait arrivé. Il a fallu m’en gager à l’envoyer demain matin, et moyennant ce, le roi, qui s’apprêtait à se retirer, nous dit « qu’il s’entendrait avec ses femmes pour fixer la quantité de pombé dont on pouvait dis poser en notre faveur; » —après quoi, il nous souhaita le bon soir. 29 mai.— La boussole que j’ai chargé Bombay de lui remettre a jeté le roi dans un véritable transport de joie. Il a dit à mon messager, puis à Maoula, « que je ne pouvais lui rien offrir de si précieux, et qu’en me privant pour lui d’un pareil instru-