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386 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. On se ferait difficilement une idée de l’étrange spectacle qu’of fraient tous ces hommes à peu près nus (sauf la peau de chèvre ou de chat qui pendait à leur ceinture), et barbouillés des pein tures de guerre, suivant le goût de chaque individu ; une moitié du corps rouge ou noire, l’autre bleue, mais sans aucune distribution régulière de ces couleurs invariables. Il n’y avait de strictement uniforme que les armes : chaque soldat, muni de deux lances et d’un bouclier, les tenait disposés comme à l’ap proche de l’ennemi, et ils s’avançaient ainsi sur trois rangs, à quinze ou vingt mètres de distance l’un de l’autre, du même pas allongé, pliant les jarrets pour se donner plus d’élan. Derrière chaque compagnie venait le capitaine, reconnaissable à son cos tume encore plus fantastique, et enfin, à la suite de tous, le grand colonel Congow, qui nous rappelait Robinson Crusoé, avec son jupon de peau de chèvre à longue toison blanche, son bou clier de cuir en forme de violon, décoré à ses six extrémités de touffes de poil blanc, ses jarretières frangées au-dessous du genou, et son casque recou vert de verroteries, orné d’un panache de plumes rouges; au centre de ce dernier s’élevait, s’inclinant en arrière, une tige terminée par un bouquet de poils de chèvre. Après plusieurs charges par compagnie, les officiers coururent sur le roi, la lance haute, avec mille protestations frénétiques de zèle sans bornes et de loyauté à toute épreuve. On les cou vrit d’applaudissements, et la parade se trouvant terminée, chacun de nous rentra chez lui. 26 mai. — Grant, à qui j’ai fini par expédier son quartier de mouton, moyennant la complaisance d’un officier du roi, m’ac cuse réception de ce régal bien venu, et demande instamment qu’il lui soit permis de quitter N’yama Goma, où il meurt de faim. Rosaro, placé sous la garde de Kitounzi, doit subir un châ timent exemplaire. La reine, malheureusement, à qui on a ra conté les différents méfaits des Vouanyambo, vient de prescrire que ni mes gens, ni ceux de Rosaro, ne seront plus désormais nourris aux dépens du palais. Étant arrivés ensemble dans l’Ou ganda, elle nous regarde, en vertu de sa logique féminine, comme également responsables du tort fait à son fils. Je n’ai pu être admis au palais, où je portais quelques explications. 27 mai. — Mtésa me fait demander une médecine qui le pré serve de la foudre. Je suis allé lui expliquer en quoi consiste le