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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 371 à sa droite, guettaient ses volontés les plus fugitives ; à sa gau che, un petit groupe de femmes, commandées par les Vouichwési, se tenaient prêtes à lui verser le pombé. Devant lui, disposés en carré profond et immobiles sur leur séant, les officiers vic torieux qui ont dirigé la dernière campagne. Leurs costumes n’avaient rien d’uniforme : on reconnaissait les nobles à leurs peaux de chat-pard et à la dague passée dans leur ceinture ; les plébéiens, à leurs mbougou bariolés et à leurs manteaux de cuir de vache ou d’antilope; mais tous avaient le visage et les bras peints en rouge, en noir ou en couleur de fumée. Dans un espace vide, laissé au milieu du carré qui faisait face au roi, les armes de l’Ouganda se trouvaient disposées sur trois rangs : en avant, l’énorme tambour de guerre, recouvert d’une peau de léopard et placé sur un large tapis de ces mêmes peaux ; der rière, un trophée d’armes disposées autour d’une tige de fer, des lances, dont quelques-unes étaient en cuir, des boucliers de cuir ou de bois, bref, toutes sortes d’engins offensifs et défen sifs ; en troisième ligne, ce qu’on pourrait regarder comme l’ar senal spirituel du pays, la divinité même de l’Ouganda, repré sentée par un grand nombre de talismans variés à l’infini. En dehors du carré, sur la même ligne que le roi, les armes de sa maison : un très-beau chaudron de cuivre, fabrique française, dont le pourtour était surmonté de clochettes de bronze, fixées à des supports de fil de cuivre gracieusement recourbés en cou de cygne, deux lances neuves, un bouclier de cuir peint et diverses baguettes magiques déposées sur un tapis en peau de léopard ; — le tout donnant l’idée la plus exacte de la magnificence que peut déployer un roi barbare. Lorsque je m’approchai de Mtésa pour prendre place à côté de lui, selon ma coutume, une cer taine sensation se manifesta dans les rangs de la foule, et il me fut notifié que je devais m’asseoir derrière les femmes. Quant au but de cette grande réunion et au sens général de la cérémonie, il fut bientôt impossible de s’y méprendre. Chaque chef de corps racontait à son tour les services militaires de sa division, men tionnant ceux de ses subordonnés qui s’étaient le mieux con duits, et signalant de même les déserteurs, les fuyards, ou ceux que leur timidité avait empêchés de donner à des succès d’abord obtenus un caractère plus décisif. Le roi écoutait avec attention, — mêlant au récit des commentaires que nous devons supposer