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366 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. D’après mes suggestions, qui trouvent aisément crédit, une ré gate fut ensuite organisée. Nos cinquante barques, poussées à toutes rames et filant au son du tambour vers le but que j’avais marqué, nous offrirent un spectacle assez divertissant. Ainsi finit la journée. Le roi, qui était d’une humeur char mante et qui se laisse de plus en plus gagner par les amusants récits de ce coquin de Maoula, vient de lui donner la haute main sur toutes les saisies qui se pratiqueront désormais, en lui fai sant remarquer que « les pillages accomplis dans l’Ounyoro par un grand nombre des Vouakoungou, sur lesquels s’exerce sa juridiction, devaient rendre particulièrement féconde cette bran che des revenus de l’État. » En rentrant au camp, on peut juger de ma surprise lorsque je trouvai ma hutte vide, mes serviteurs partis, et un déménage ment de toutes pièces, qui ne me laissait ni vaisselle, ni provi sions quelconques. L’embarquement des tambours, par ordre du monarque, était la cause première de ce désarroi. Chacun l’avait interprété comme l’indice d’une de ces mauvaises plaisanteries qui lui étaient familières, et on s’était dit que, parti de son palais sans prévenir personne, il voulait sans doute y rentrer de même. Un coup de fusil lâché à tout hasard devait, selon moi, rappeler au gîte mon souper vagabond; mais ce signal, vainement donné, ne me valut que les questions de quelques pages accourus au bruit par ordre du roi, pour s’informer de ce que je désirais. Je ne manquai pas de leur révéler ma triste situation, sans y gagner autre chose que les marques d’une vaine sympathie. 30 avril. — Après avoir expédié, à ma demande, des bateaux qui devront s’enquérir de celui qui est parti ou qui a dû partir le 3 mars pour aller chercher Grant, le roi donne l’ordre de revenir au palais, ce qui me réjouit fort; en effet, si beau que soit le N’yanza, l’omission de tout ce qui aurait pu aider à notre comfort, la fatigue, de ces continuelles parties de bateau sous un soleil ardent, surtout la soudaineté, la mobilité des fantaisies royales me faisaient rêver au bonheur de vivre en paix parmi ces êtres naïfs que j’appelais * mes enfants, » et que je m’étais habitué, — si étrange que cela puisse paraître, — à considérer comme tels. Nous prîmes pour nous en revenir le même chemin que nous avions suivi, et la moitié s'en trouvait déjà franchie lorsque le