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364 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. de pas, et c’est tout au plus si ces maladroits archers parve naient toujours à l’atteindre. A la fin,— se lassant des lenteurs du jeu et pour manifester la supériorité de ses prouesses, —le roi fit placer à la file, en face de lui, seize boucliers à peine séparés l’un de l’autre. Une seule balle de sa carabine Whitworth les traversa presque tous parle milieu Vous voyez , disait le roi, se prélassant à pas gigantesques et brandissant au-dessus de sa tête le mousquet victorieux.... A quoi servent désormais l’arc et la lance?... Je n’aurai plus d’autres armes que des fusils. » Ceux desVouakoungou que vient de nous ramener la fin de la guerre, se sont scandalisés de voir, à côté de leur monarque, un étranger assis plus haut qu’ils ne le sont eux-mêmes. Leurs plaintes réitérées ont fini par prévaloir et Mtésa m’a fait prier de quitter mon trône. Ce trône était tout bonnement mon tabou ret de fer. Après m’être bien assuré du véritable sens que ces vaillants guerriers attachaient à leurs réclamations, je suis ren tré chez moi pour y faire fabriquer immédiatement un « siège d’herbes. » Ce stratagème suffira, j’espère, pour les dérouter. 29 avril. Cowes. — Hier le dîner m’a fait faute, et je me suis encore vu obligé ce matin de déjeuner par cœur, nos provisions étant complètement épuisées. Aucun de mes gens ne se souciait d’aller rendre compte de notre situation, attendu qu’il pleut à verse et que Mtésa est enfermé avec ses femmes. L’idée me vint que le signal au moyen duquel je me faisais ouvrir les portes du palais pourrait me rendre ici le même service. J’allai donc tuer un pigeon dans le voisinage de la résidence royale, et, comme je l’avais prévu, le roi me dépêcha aussitôt ses pages pour s’enqué rir de ce que signifiait cette détonation. Leur jeune chef, à qui je ne manquai pas de dire la vérité, — savoir que je chassais pour me procurer à déjeuner, attendu la disette où me réduisait l’in curie des cuisiniers de Sa Majesté, —défigura mes paroles, qu’il avait à peine écoutées, et s’en alla rapporter au roi, de ma part, les menaces les plus désobligeantes. « Du moment où je n’étais pas régulièrement pourvu des provisions nécessaires, il ne me convénait plus (me faisait-il dire) d’accepter aucunes des libéra lités royales, et j’irais dorénavant chercher ma nourriture dans les jungles. » Mtésa,.comme on peut le croire, n’accepta pas de prime abord un pareil récit. D’autres pages me furent envoyés, avec ordre de tirer au clair toute l’affaire et de lui faire con-