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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 359 à la clarté des torches, vers neuf heures du soir, et après un souper en pique-nique, le roi se retira chez ses femmes pour y goûter les délices d’une comfortable installation, tandis que dans la hutte solitaire où j’étais relégué, il me fallut dormir tant bien que mal sur le sol battu, que l’on avait jonché, à mon intention, de quelques brassées d’herbes encore humides. Pour tout dé dommagement, la beauté du paysage que mes Vouangouana com paraient aux plus riants aspects de leur poani ( ou côte ) enchan tée, mais qui, selon moi, surpassait de beaucoup ce que j’avais pu admirer jusque-là, soit pendant la traversée, soit le long des rivages de Zanzibar. 24 avril. Cowes. — Le roi s’est levé aujourd’hui de fort bonne heure, et tandis qu’on rassemblait les barques, m’a convoqué, sans me laisser le temps nécessaire pour ma toilette, à un dé jeuner où je n’apportais pas les plus heureuses dispositions. Ce repas que nous avalions en plein air se composait de bœuf rôti, servi dans des corbeilles, et d’une marmelade de bananes roulée dans des feuilles de bananier. Mtésa s’aidait parfois pour manger d’un couteau de cuivre et d’une espèce de poinçon, mais le plus souvent il n’employait que ses dix doigts et me faisait l’effet d’un chien vorace. Quand un morceau lui semblait trop dur pour être mâché commodément, il le retirait de sa bouche et, par ma nière de régal, le donnait à ses pages qui, après toutes sortes de n'yanzig, avalaient ses rebuts en manifestant une joie extrême. Les reliefs du festin furent ensuite partagés entre eux, et les pa niers vides reyinrent aux cuisiniers. Le pombé, boisson favorite du roi, lui tenait lieu de thé, de café, de bière ; mais les convives pouvaient s’estimer fort heureux, s’ils en attrapaient çà et là quelques gorgées. Et maintenant au lac, vers lequel nous nous dirigeons dans l’ordre accoutumé, les Vouakoungou en avant, les femmes à l’arrière-garde. Ses eaux magnifiques nous rappellent la baie de Rio-Janeiro, moins les hautes montagnes qui en forment l’ar rière-plan, et qui sont ici remplacées par des collines de l’as pect le plus riant. Quinze tambours de diverses grandeurs, for mant un orchestre qu’on appelle mazagouzo, et qui battent avec la régularité de nos engins mécaniques, annoncèrent l’arrivée du roi, et les embarcations se rapprochèrent aussitôt du rivage. Mais les choses ne se passaient pas comme en Angleterre, où