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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 355 entra chez moi pendant mon dîner. Ne sachant à qui j’avais affaire, et surpris d’une importunité si rare dans l’Ouganda ( il était le premier qui eût pris avec moi licence pareille), je lui offris un couteau, une fourchette, en l’invitant à prendre sa part du repas. Ceci lui parut d’abord un reproche déguisé, auquel il répondit en se justifiant par mille excuses d’avoir manqué aux règles de l’étiquette nationale ; de plus, sans mes instances réité rées, il serait parti à l’instant même. Il m’apprit ensuite que l’armée tout entière était revenue de l’Ounyoro avec une im mense quantité de femmes et d’enfants; mais les hommes man quaient au butin, car tous ceux qui n’avaient pu fuir s’étaient fait tuer en combattant. — Si je veux, ajoute-t-il, accepter une de ses prisonnières, il me la donnera très-volontiers. 20 avril. — M’étant aperçu que le roi ne se pressait pas de faire partir ses ' 'ouakoungoupour l’expédition de l’Ounyoro, j’ai cru qu’il fallait lui rafraîchir la mémoire, et profitant de ce qu’il voulait entendre quelques mots d’anglais, afin d’apprécier la sonorité de notre langue, je lui fais remarquer que « s’il m'avait envoyé Budja, comme nous en étions convenus, j’aurais expédié mes lettres à Petherick. » Dès qu’on lui eût traduit ce reproche indirect, il me fit dire que si je voulais lui envoyer, le lendemain, des messagers auxquels mes lettres seraient confiées, il les ferait partir avec une armée. Et sur ce que je lui demandais « s’il s’agis sait d’une guerre ?» il me répondit, en somme, que « c’était afin de tâter le terrain. » J’insistai alors sur dès conseils que je lui avais déjà donnés, pour lui persuader de procéder vis-à-vis de Kam- rasi par des mesures conciliatrices. «De bonnes paroles,un pré sent insignifiant, vaudraient mieux, pour ouvrir une circulation permanente dans les États de ce prince, que les armées les plus formidables et les déprédations les plus fréquentes. » Nous fûmes interrompus par l’arrivée d’une trentaine de femmes condamnées à divers châtiments, et dont quelques- unes devaient être livrées au bourreau. Le roi, qui avait essayé d’apprendre le kisouahili, pour être à même de converser direc tement avec moi, me demanda, se servant de cet idiome, « s’il me serait agréable d’avoir quelques-unes de ces femmes, et, dans ce cas, de lui dire combien il m’en fallait? — Une seule, «répondis-je à l’instant même, et comme la liberté du choix m’était laissée, je pris naturellement la plus jolie. Dieu