22 PRÉFACE. dront ainsi sur le marché de Zanzibar, ou bien seront engagées dans l’acquisition de quelque bâtiment négrier parmi ceux qui croisent constamment le long de la côte. L’esclavage en effet engendre l’esclavage. Saisir des captifs, tel est, à l’intérieur, le grand souci de tous les chefs ; de là ces combats qui appauvris sent le pays, propagent la servitude, arrêtent en Afrique les développements civilisateurs, et poussent en môme temps vers la côte des hommes de toutes les tribus, parlant tous les idiomes de la contrée. Ceux qu’intéresse une pareille étude peuvent, sans quitter Zanzibar, faire connaissance avec les différentes peuplades qui, jusqu’au centre du continent, habitent la partie orientale ; de même trouvera-t-il au Congo des échantillons ap partenant à toutes les races qui occupent, depuis l’équateur, le sud-ouest de l’Afrique. Un petit nombre d’affranchis prend service à bord des vais seaux : ils ont pour le métier de marin une prédilection très- marquée ; la plupart néanmoins reviennent en Afrique pour y faire la traite et le commerce d’ivoire. Tous ont appris l’idiome usité sur la côte, celui qu’à Zanzibar on appelle kisouahili : d’où suit que le voyageur, s’il sait faire son choix, peut trouver parmi eux des interprètes qui le mettront en com munication avec toute la moitié orientale de l’Afrique sud. Au nord de l’équateur, le langage revêt des formes absolument différentes. La paresse est chez ces hommes un défaut inné; c’est pour quoi, si robustes que le ciel les ait faits, ils ne travaillent jamais que sous l’empire d’une contrainte immédiate. N’ayant ni l’amour ni le respect de Dieu, dans le sens que le chrétien attache à ces mots, ils ne possèdent pas davantage le culte de la vérité, celui de l’honneur, celui de l’honnêteté la plus vulgaire. Ni l’autorité du gouvernement, ni les liens de famille n’existent pour eux; ils manquent dès lors de ce qui force l’homme à réfléchir, de ce qui porte la pensée vers un avenir plus ou moins douteux. N’im-