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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 351 miner mes cheveux, ma montre, retourner mes poches, et ces « familiarités grandes » ne semblaient pas lui suffire encore. Malgré mes signes d’adieu, elle persistait à me suivre. Je lui offris mon bras, lui enseignant comment il fallait le prendre pour se conformer aux usages européens, et nous continuâmes la promenade, à la surprise d’un chacun, — comme si nous eus sions été à Hyde-Park et non pas au cœur de l’Afrique centrale, — toujours échangeant des œillades et des sourires. Je m’étonnais qu’on ne vînt pas modérer la légèreté de ses allures, mais per sonne ne s’en avisa, jusqu’au moment où nous arrivâmes en vue de ma hutte. La jeune femme reçut alors, avec force répri mandes, l’ordre de s’en retourner chez elle; mais, avant d’obéir, elle trouva le temps de me demander une visite, en me faisant comprendre qu’elle aimerait à me verser quelques tasses de pombé. 14 avril. — Les nouvelles qu’on m’apporte sur le compte de Grant n’étant pas d’accord entre elles, le roi m’a fourni très- obligeamment le moyen de lui faire passer une lettre. Mes fonc tions de distillateur m’ont pris toute la journée, et le soir je suis allé voir mistress Doumba, suivi de Méri, Kahala, Lugoï et d’une troupe de femmes Youanyamouézi. Ma nouvelle connaissance s’est montrée fort accueillante ; mais son mari était à la cour et, vu son absence, le pombé n’était pas disponible. En revanche, et par manière de dîner, plusieurs paniers de bananes et de patates ont été offerts à mon escorte féminine; après quoi, mistress Doumba nous a reconduits à moitié chemin, non moins coquette et non moins gracieuse que la veille. 15 avril. —Je suis allé porter au roi tout l’alcool que j’ai pu obtenir, et en outre, les résidus sucrés de cette distillation rudi mentaire. Il tenait un lever et percevait les tributs d’usage, con sistant en jeunes filles, vaches, chèvres, etc. I/une des chèvres offertes a été pour moi le sujet d’une révélation que je note ici comme un des traits les plus surprenants de l’étrange pays où je réside. Cet animal servait d’expiation pour une tenta tive 'de régicide, qui a eu lieu dans la journée d’hier. Profitant de ce que le roi se trouvait seul, — ce qui n’arrive presque ja mais, — un tout jeune homme, un enfant, est venu le menacer de mort « pour le punir, disait-il, d’avoir fait périr injustement bon nombre de ses sujets. » Mtésa lui-même m’a expliqué, par