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350 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. tives, tantôt Mtésa lui-même, tantôt le kamraviona, tantôt le mzoungou (l’homme blanc), leur demandant la vie avec instance. Plut à Dieu que j’eusse pu la sauver ! Mais je ne savais pas quel crime on lui reprochait (en supposant qu’il y eût crime), et, par conséquent, il fallut me taire pendant que le kamraviona et les autres Vouakoungou présents regardaient cette scène avec tous les dehors de l’indifférence la plus complète, sans oser se permettre la moindre observation. Irungou se trouvait en ce moment avec nous et se prit de querelle avec Maoula, lorsque ce dernier parut avec mes gens, lui contestant l’honneur de nous avoir conduits au roi et lui reprochant d’avoir usurpé la plus grande partie des récompenses qui, pour ce service parti culier, leur était dues à tous deux : » Mais, disait-il, je prendrai ma revanche et, moyennant une offrande convenable, j’obtien drai qu’on écoute mes plaintes. — Soit, répliqua Maoula, volon tiers railleur; mais je donnerai plus de fils de fer que vous, et nous verrons qui sera le mieux écouté des deux. » La querelle de ces deux grands enfants continua ainsi jusqu’au coucher du soleil, où je les laissai aux prises pour rentrer chez moi et dîner tout à mon aise. Mais j’avais compté sans mon hôte, car Mtésa me fit rappeler aussitôt, et je crus qu’il était politique de me montrer complaisant. Il m’attendait avec impatience, et, après s’être excusé de n’avoir pas répondu au signal, goûta la liqueur que j’étais parvenu à distiller. Elle avait à peu près le goût du todcly et sa force étonna le monarque, qui me demanda de lui en fabriquer d’autre, m’offrant d’ailleurs, pour cetle opération, toutes les facilités dont il pouvait disposer, entre autres le canon d’un vieux fusil à pierre, une provision de bois, et du pombé à discrétion. 13 avril. — N'ayant rienàfaire aujourd’hui, je suis allé me pro mener comme à l’ordinaire dans le parc du sérail, où je me suis vu accoster par une très-gentille petite personne,—Kariana, femme de Doumba — qui, fort proprement attifée, revenait de quelque vi - site. Elle s’était mise tout d’abord à me suivre, puis s’arrêta retenue par la timidité, puis fit encore quelques pas en avant et demeura immobile quand je m’approchai d’elle, comme fascinée par mon étrange aspect. Un peu remise à la longue, elle déploya dans ses woh! woh! toute la coquetterie dont une Mganda est susceptible, et une flirtation régulière s’établit entre nous. Elle voulut exa-