348 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. prenant une direction, tantôt l’autre, dans un désordre que le roi semblait augmenter à plaisir, en vertu de ces instincts pué rils qui l’ont rendu maître-expert en toutes sortes de gamine ries. 11 aime à nous faire quitter la route tracée, — à précipiter les Vouakoungou dans des fourrés et hautes herbes dont les brins affilés leur tailladent les jambes, —à les rappeler ensuite en leur indiquant le point éloigné par lequel il veut sortir de la jungle et vers lequel ils doivent lui frayer un passage à travers tous les obstacles;—bref, mille caprices contradictoires qui n’ont d’autre but que de les mettre sur les dents, eux et les pauvres femmes du cortège royal ; celles-ci, près de succomber à la fatigue et ne gardant leurs rangs que pour ne pas s’exposer à une mort pres que certaine. Ces facéties monarchiques se répétèrent toute la journée, car le soleil allait se coucher lorsque nous rentrâmes au palais ; les femmes et les Vouakoungou disparurent alors, et le reste de la compagnie, — c’est-à-dire le roi, le commandant en chef, les pages et mon humble personne, —prit place devant un festin composé de patates douces et de bananes cuites, plus le pombé de rigueur et les fruits de la saison, festin où le double rôle de l’eau et des serviettes fut rempli par ces disques d’écorce humide que j’ai déjà eu l’occasion de signaler. Les fusils ensuite devant être déchargés, et pour ne pas perdre les balles qu’ils renfer maient, le roi fît amener quatre vaches qu’il tua de sa main. L’une d’elles fut gracieusement octroyée à mon escorte. 8 avril. — Sa besogne d’hier a fatigué Mtésa qui ne veut rece voir personne. Je profite du loisir qui m’est ainsi laissé pour porter au mgemma un paquet de verroteries et le récompenser ainsi de l’hospitalité que je lui ai due naguère. I.ugoï et Kahala m’accompagnent. Nous sommes reçus à bras ouverts par les hommes et les femmes de son entourage, qui se montrent parti culièrement sensibles à l’honneur de notre visite. Une des nom breuses sœurs de la N’yamasoré, à qui nous sommes présentés en grande cérémonie, se déclare très-satisfaite de moi et de mes « enfants. » Le mgemma'se confond en remercîments et, trop pauvre, à ce qu’il préfend, pour nous faire un accueil digne de notre mérite, il veut à toute force nous remettre quelques vo lailles que nous emporterons avec nous. Après maints refus et maints débats, il demeure convenu qu’il me les apportera lui-