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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 347 Mtésa, ce qui ne laissa pas de surprendre et le monarque lui- même et chacun des assistants. Nous traversions un pays ma récageux et coupé de nombreux cours d’eau sur lesquels on avait jeté autrefois des ponts, assez mal entretenus, cela va sans dire. Le premier que nous trouvâmes sur notre chemin n’offrait plus que quelques vestiges de pilotis, tout au plus bons à nous faire trébucher, et que chaque homme en passant enfonçait du talon dans la vase pour faciliter le chemin à ceux qui le sui vaient. Le roi me rendit ce service, et j’en fis autant pour celles de ses femmes qui venaient derrière moi. Surprises de cette ga lanterie à laquelle rien ne les préparait, elles ne purent s’empê cher de rire, ce qui attira l’attention du roi et mit tout le monde en alerte, attendu que jusqu’alors pas un homme vivant n’avait osé communiquer avec les femmes de Sa Majesté. Un peu plus loin, au bord d’un ruisseau assez profond, je pro pose par signes à ces dames de le leur faire traverser sur mes épaules. La première en tête hésite d’abord, puis, s’enhardissant peu à peu, finit par accepter. Loubouga, la belle des belles, qui vient immédiatement après celle-ci, et qui grille, ce me sem ble, de faire plus ample connaissance avec « l’homme blanc, » donne à sa physionomie une expression suppliante, et me tend les deux mains avec un laisser aller si parfaitement irrésistible que, malgré mon désir de ne pas attirer l’attention par une halte trop prolongée, je ne puis m’empêcher de faire droit à cette requête silencieuse. Tout ceci n’échappa point à Mtésa; mais au lieu de m’adresser des reproches, il prit la chose en plaisanterie et, courant au kamraviona, — qu’il avertit par un coudoiement significatif, — il lui raconta tout bas ce qui venait d’arriver, comme s’il se fut agi de quelque secret. « Woh! woh! s’écriait son confident au comble de la surprise, à quoi faudra-t-il s’at tendre maintenant? » Nous étions arrivés sur le terrain de chasse ; mais, sauf quel ques vieilles empreintes de buffles et une espèce de fosse prépa rée pour les prendre au trébuchet, nous ne pûmes rien aperce voir. Le roi néanmoins était déjà las et, voyant que je cherchais un tronc d’arbre pour m’asseoir, il fit agenouiller à quatre pattes un de ses pages, pour me montrer, sans doute, comment il fallait s’y prendre : sans cela il se fût installé, selon son usage, sur une. pièce de mbougou étalée à terre. Nous nous en revînmes, tantôt