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PRÉFACE. 21 la confiance de ce maître, il recevra mission de veiller aux ap provisionnements qui constituent sa fortune; il sera même expédié dans l’intérieur des terres pour y acheter, au compte de son patron, des captifs ou de l’ivoire. En vertu de la croyance mahométane, le maître venant à décéder, tous ses esclaves de vraient être affranchis. En Arabie il n’en serait pas autrement, mais il arrive plus généralement, à Zanzibar, que le testament du défunt fait passer sur la tête de son successeur ce genre de propriété aussi bien que toute autre. Il y a quelque chose de singulier dans cette suprématie spé ciale que s’arrogent les Arabes de l’Afrique ou plutôt ceux de la côte et de Zanzibar; les esclaves, en effet, sont tellement supé rieurs, soit par le nombre soit par la force physique indivi duelle, aux étrangers venus d’Arabie, que l’expulsion de ces derniers serait, en cas de révolte, une affaire de quelques jours. Mais une sorte de fascination magique domine les premiers ; pas plus que les animaux domestiques eux mêmes, ils ne s’avisent de comparer leur force à celle qui les opprime ; bien mieux, ils semblent regarder comme déloyale la conduite de l’homme qui s’enfuit après avoir été vendu, et frustre ainsi son nouveau pro priétaire d’un droit de possession régulièrement acquis. La suite des événements peut placer l’esclave dans mainte et mainte situation différente. J’examinerai simplement ici ce qu’il devient au cas le plus ordinaire, alors que le trépas de son maître l’a libéré de la servitude, et le laisse déjà familiarisé avec la traite et le commerce d’ivoire tels qu’ils se pratiquent à l’intérieur. L’affranchi, en pareil cas, commencera selon toutes probabilités une nouvelle existence, en se louant comme porte faix à d’autres trafiquants; ses gains lui procurent petit à petit un capital suffisant pour le mettre à même d’entreprendre à son tour des spéculations pareilles aux leurs ; il débutera par l’achat des prisonniers, marchandise à la portée de tous, et n’arrivera que par degrés au trafic de l’ivoire. Toutes ses économies vien-