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340 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. le début d’une série de difficultés domestiques analogues à celle-ci, et lorsque je m’enquis des meilleurs moyens à prendre pour me tirer honorablement de cette tutelle ardue, je n’obtins que des indications peu rassurantes. L’orgueil et l’obstination des femmes Vouahouma, passés ici en proverbe, les rend, me disait-on, « plus indomptables qu’une phunda » (savoir, une mule). D’un autre côté, quand elles sont une fois apprivoisées, elles deviennent les meilleures du monde. 31 mars. — Forcé de me rendre au palais pour le compte de mes gens, que la disette tourmente de plus en plus, j’ai trouvé le roi s’apprêtant à partir pour la chasse. Il a débuté par abattre quatre vaches à cinquante pas, ce qui lui a valu des applaudis sements unanimes. J’ai même vu pour la première fois, durant cet accès d’enthousiasme, des « anciens » se hasarder à venir serrer la main de leur maître. Ce dernier, enhardi peu à peu, s’est essayé contre quelques hérons perchés sur un arbre, et après cinq à six tentatives, a fini par loger une balle dans l’œil de l’un d’eux. C’est à peine s’il osait croire à ce chef-d’œuvre d’adresse. Il sautait, il courait çà et là, poussant des woh! ivoh! formidables. L’assistance, hommes et femmes, s’épuisait en cla meurs assourdissantes. A chaque instant Sa Majesté venait me donner d’affectueuses poignées de main, puis passant de groupe en groupe,prodigue d’exclamations et de gestes familiers, à moi tié fou de joie : Woh! woh! allait-il répétant de côtés et d’au tres... Woh ! woh! cela se peut-il?... Dois-je me fier à mes yeux?... Woh! woh! quelle surprenante aventure! » Exalté par sa prouesse, Mtésa se croit maintenant un Nemrod accompli : <> Ne pensez-vous pas, Dana, me disait- il tout à l’heure, — après avoir expédié à sa mère l’oiseau qu’il venait d’abattre,— ne pensez-vous pas qu’un éléphant serait bien malade en face de deux chasseurs comme nous?... Soyez tranquille : à présent que je sais tirer... et je tire à merveille, n’est-il pas vrai?... je n’ajournerai plus ces chasses à l’hippopotame que vous vouliez entreprendre avec moi.... Le lac nous verra bientôt tous les deux à l’œuvre, et les hippopotames, ce jour-là, n’auront qu’à se bien tenir. » Ce soir, pour célébrer tant d’exploits, le palais était en fête. Grand concert, promotions de Vouakoungou, af fluence d’offrandes diverses qu’on apportait de toutes parts. Bref, les torches étaient allumées depuis quelque temps déjà, quand