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332 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL me conviendrait pas de devenir son gendre? » ajoutant qu’elle avait des filles fort belles, d’origine Vouahouma ou Vouaganda, selon la race qui me plairait le mieux. Légèrement déconcerté par cette proposition à brûle-pourpoint, je sondai Bombay sur ce que je pourrais faire d’une compagne de cette espècq, en me sup posant contraint de l’accepter. Le drôle, consultant ses conve nances plutôt que les miennes, m’engagea très-instamment à ne pas décliner une si belle offre. * Prenez toujours, disait-il. Si la fille ne vous plaît pas, nous nous en accommoderons, soyez tran quille!... Ce sera, d’ailleurs, un très-bon moyen de l’arracher à ce pays de mort, car tous les individus de race nègre se plai sent à Zanzibar. » Je ne m’étendrai certes pas sur les propos qui suivirent; il suf fira de constater que je dus me montrer fort reconnaissant, et que le tumulte alla grandissant toujours, sous l’influence de liba tions réitérées. Qn convint néanmoins que la présentation serait retardée d’un ou deux jours, afin qu’on eut le temps de faire un choix convenable, et que le mariage ayant eu lieu, j’enchaînerais la belle pendant deux ou trois fois vingt-quatre heures, le temps de l’habituer à moi, de peur qu’effarouchée tout d’abord, elle ne vînt à prendre la fuite. Pour maintenir la reine dans les heureuses dispositions où semblaient l’avoir mise plusieurs coupes de pombé absorbées l’une après l’autre, je vantai l’élégance des bijoux qu’elle portait et surtout de son collier en fil de cuivre, ingénieusement tressé avec du fil de fer. Elle en fit apporter un grand nombre, tous pareils, et détacha, p our le passer à mon cou, celui dont la beauté m’avait frappé. Je lui demandai ensuite ce que signifiait la guir lande de feuilles de vigne que je voyais sur son front, et que j’a vais remarquée à plusieurs reprises sur celui de certains Voua- koungou. Elle m’expliqua que cet insigne, accordé à un très-petit nombre de personnes, leur conférait le privilège de « rapt » et les autorisait à se saisir de tout enfant en bas âge. Sur ces entrefaites, on annonça le dîner de la reine, qui, avant de s’y rendre, me pria de ne pas m’éloigner. Elle me fit passer peu après plusieurs plats (ce sont des feuilles de bananier) rem plis de bœuf et de mouton bien apprêtés, avec une quantité de légumes divers. Elle m’envoie aussi plusieurs petites serviettes rondes, récemment tissées en fibres de bananier, et qu’on m’ap-