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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 331 une sorte d’irritation, ne voit donc pas quel temps il fait aujour d’hui, les nuages qui courent sur le ciel, le vent qui annonce la tempête ?. . Toutes les fois qu’il en est ainsi, je ne me risque pas au dehors. » Sans me donner la peine de relever ce mensonge évident, je me suis plaint des cinquante jours que je viens de passer dans l’Ouganda, de l’oisiveté à laquelle je me vois réduit, de l’isole ment qui se fait autour de moi. Peu à peu Sa Majesté s’humanise ; nous nous retrouvons amis comme devant, et si j’en crois ses promesses, il ne dépendra pas d’elle que je n’aie une société se lon mes goûts. Je sais maintenant comment la faire jaser : il suffit de lui dire que le roi m’a refusé tels ou tels éclaircisse ments, pour qu’elle entre avec zèle dans tous les détails qu’on a voulu me cacher. C’est ainsi que j’ai obtenu d’elle, aujourd’hui, quelques renseignements précieux sur les mariages dans l’Ou ganda. Quand je dis les mariages, c’est une façon de parler. L’union de l’homme et de la femme n’a rien de permanent ni de solennel dans ce pays, livré à la promiscuité la plus brutale. Ainsi qu’on Ta déjà vu, tout Mkoungou, possesseur d’une jolie fille, la livre au roi pour se soustraire aux châtiments qu’il a pu encourir. Si un des princes voisins est père d’une beauté renommée, le roi de l’Ouganda peut la revendiquer à titre de tribut. Les Vouakoun- gou sont pourvus de femmes par le monarque, et ceci dans la pro portion de leurs mérites, soit qu’on leur distribue les captives faites dans les guerres du dehors, ou bien celles qui proviennent des saisies pratiquées au détriment d’un de leurs collègues, cou pable de rébellion. Les femmes ne sont point ici comme chez les Vouanyamouézi, un article de commerce, bien que les pères par fois échangent leurs filles, et que certaines femmes, pour s’être mal conduites, soient vendues comme esclaves; en général, ce pendant, on se contente de les flageller, ou de. les faire passer du rang d'épouse à celui de servante, en leur attribuant la be sogne la plus pénible. Les Youakoungou présents à notre entretien me demandèrent alors, pour changer de sujet, « de quelle couleur seraient les en fants à provenir de mon mariage avec une femme noire? » Cette question ne manqua pas d’égayer la compagnie, et la reine, ap puyant ces paroles d’un geste significatif, voulut savoir « s’il ne