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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 327 On fit ensuite défiler devant nous une vingtaine de demoiselles dans le costume de notre mèreÈve, chacune portant, en guise de feuille de figuier, un très-insuffisant napperon de mbougou. Ces filles de Vouakoungou, toutes frottées de graisse et reluisantes comme des miroirs, allaient prendre place dans le harem, tandis que leurs pères, se roulant aux pieds du roi, manifestaient par des n'yanzigs insensés, leur reconnaissance et leur bonheur. Cette procession cythéréenne au milieu de mes gens, dont pas un n’o sait lever la tête pour la regarder, me parut d’un effet si plaisant, que je partis d’un éclat de rire, et Mtésa, que mon hilarité ga gnait, y répondit à l’instant de la manière la plus bruyante ; mais nous n’en restâmes pas là, car les pages, cédant pour une fois à leur instinct naturel, se mirent à éclater aussi ; mes gens pouf faient en dessous presque malgré eux ; et les femmes elles-mêmes, portant les deux mains à leur bouche afin de n’être pas aperçues, s’associaient à cette gaieté contagieuse. Une vieille matrone, grave et posée, se leva pourtant de l’endroit où elle était accrou pie, et son impérieux « par file à gauche, en avant ! » fit que nos demoiselles, pour battre en retraite, exhibèrent des nudités en core plus étranges. Mettant à profit la bonne humeur du monar que, alors portée à son plus haut point, je lui demandai pour les Vouakoungou l’autorisation de venir me voir; il me l’accorda sans la moindre objection, et je pus espérer un moment que, par le moyen de mes interprètes, je tirerais quelques enseignements utiles de mes l'apports avec l’aristocratie du pays ; mais, aussitôt après mon départ, un contre - ordre fut sans doute donné aux Vouakoungou, car pas un d’eux n’osa jamais se présenter à ma résidence. 25 mars. — Voici déjà quelque temps que j’habite l’enceinte de la demeure royale, et que, par conséquent, les usages de la cour ne sont plus pour moi lettre close. Me croira-t-on, cependant, si j’affirme que depuis mon changement de domicile, il ne s’est pas passé de jour où je n’aie vu conduire à la mort, quelquefois une, quelquefois deux, et jusqu’à trois de ces malheureuses femmes qui composent le harem de Mtésa. Une corde roulée au tour du poignet, traînées ou tirées par le garde du corps qui les conduit à l’abattoir, ces pauvres créatures, les yeux pleins de larmes, poussent des gémissements à fendre le cœur : — « liai, Mi- nangè! (ô mon seigneur) ; Kbakka, (mon roi) ; liai N'yawio (ô ma