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324 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. rien, je vous assure; j’attendais que mon armée fut revenue de la guerre (c’est de ce nom qu’ils baptisent la razzia pratiquée dans l’Ounyoro) ; maintenant que la voici de retour, je vais en lever une autre qui, cette fois, pour tout de bon, nous ouvrira les routes de l’Ousoga. » Sur ce, avant que je pusse répondre, il s’est transporté tout à coup dans une autre cour, où un petit nombre d’intimes a eu permission de l’accompagner. Là, inspection faite de ma phar macie, Sa Majesté m’a prié d’opérer Usungou, l’autre bourreau, malade de la fistule. Puis, tandis que je faisais semblant de me livrer à quelques préparatifs, — ne me souciant guère au fond d’encourir une pareille responsabilité,—le départ du roi m’a tiré d’affaire. Sangoro, que nous estimions tous perdu ou tué, a été décou vert, à mon retour, paisiblement caché dans une de nos huttes. Il paraît qu’on l’a pris, rôdant autour d’un endroit prohibé qu’habitent plusieurs des femmes du roi. Les gardiens l’ont mis aux ceps et l’y ont retenu, bien alimenté, jusqu’à ce matin, où, par un judicieux emploi de son sabre, il est parvenu à rompre ses liens et à s’échapper. Les continuelles récriminations de mes hommes, auxquelles j’oppose vainement les reproches les mieux fondés sur leur conduite imprévoyante, leurs vols, leur voracité à contre temps, etc., etc., me forcent à combiner pour demain une triple démarche qui ne laisse pas de me coûter beaucoup. Maoula por tera mes réclamations au roi; Nasib, à la reine ; et de mon côté j’irai voir ce qu’on peut tirer du commandant en chef; le tout pour obtenir, si c’est possible, que cette question des subsistances soit finalement réglée. 23 mars. — Mon entrevue avec le kamraviona ne me laisse que de bien faibles espérances. Aussi ai-je expédié Bombay chez un autre grand officier, nommé Kaggo, qui avait témoigné le désir d’entrer en relations avec moi. Nous verrons ce que produira cette démarche. En attendant, le roi m’avait fait demander de lui apporter ma boussole, dont le perfide Maoula n’a pas manqué de lui dire monts et merveilles, car il ne perd jamais une occasion d’exciter les convoitises de son maître. Mtésa, pour mieux sti muler ma libéralité, m’a reçu tout à fait en famille, au milieu d'une trentaine de frères qu’il a, et qui vivent autour de lui dans