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318 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. un les objets qu’on lui rapportait de ma part, et les empaque tant elle-même le plus soigneusement du monde, elle me les retourne avec mille assurances de bon vouloir et la promesse formelle « que sa porte me sera toujours ouverte. » J’ai donc pu railler tout à mon aise les sinistres pressenti ments de Maoula et de Bombay; mais, hochant la tête, ils ont répondu que pareils procédés, bons pour le Bana, n’eussent pas si bien réussi à des Arabes ou à toute autre personne : — « Je le crois,leur ai-je dit; mais à quoi tient cette différence?... C’est le sentiment de ma propre valeur qui me met en mesure de com mander le respect. >■ 18 mars. — En me rendant au palais pour faire au monarque une visite d’amitié, je rencontre deux de mes hommes, blessés à la tête et couverts de sang. Us ont voulu s’approprier des bananes que certains Vouaganda portaient sur leur tête. Ceux-ci, plus nombreux, ont résisté; alors, mettant en pratique la loi de l'Ou ganda, mes gens se sont saisis d’une femme et d’un enfant qu’ils ont emportés pieds et poings liés. Avec cette addition im prévue à mon cortège , il m’a paru convenable d’aller d’abord demander justice au kamraviona; mais comme il s’obstinait dans son orgueil à ne pas m’accorder immédiatement audience, je suis allé chez le roi, et moyennant le signal convenu, j’ai sur- le-champ pénétré jusqu’à lui. Sa Majesté, debout dans une cour et tenant mon fusil à deux coups, chargé seulement de quelques grains de plomb, guettait d’un œil assidu le vol des milans qui çà et là traversaient l’air. Son regard subtil n’en distingua pas moins sur-le-champ mes hommes blessés et leurs prisonniers, comme aussi un certain nombre de Vouazinza, que la police indigène avait surpris au moment où pénétrant indiscrètement dans les maisons, ils malmenaient les femmed vouaganda. Les gens de ma suite se trouvaient ainsi justifiés des fausses incul pations qu’on avait voulu faire peser sur eux, et le roi, leur accordant quelques éloges, donna ordre que les Vouazinza fus sent, dès le lendemain, renvoyés de ses domaines. L’autre affaire se jugea très-sommairement. Il fut enjoint à mes hommes de garder leurs deux captifs jusqu’à ce qu’il se présentât quelqu’un pour les réclamer : les coupables, se dénon çant ainsi, recevraient leur châtiment ; dans le cas où ils s’abs tiendraient, la perte de la femme et de l’enfant constituerait