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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 31 7 s’interdisant d’aborder les sujets prohibés, — c’est-à-dire toutes les questions d’intérêt public,— et se trouvant réduit ainsi à des commérages futiles, çà et là mêlés, selon l’usage de ces peuples, à des flatteries sans ménagement pour « l’hôte illustre de leur roi. » Le kamraviona, singeant de son mieux les façons de la cour, nous promena de hutte en hutte, pour mieux nous faire apprécier sa grandeur, et ensuite m’emmena seul dans un enclos séparé où il me montra ses femmes, au nombre d une trentaine, les plus laides que j’eusse encore vues dans l'Ouganda. — « C’était là, il ne manqua pas de me le dire, un témoignage de respect que personne n’avait encore obtenu de lui. » Mais afin que je ne m’y méprisse pas, et prenant soin de réfréner en moi les penchants amoureux qu’il me supposait : « Faites atten tion, disait-il, que c’est seulement pour regarder! » Quand nous fûmes revenus auprès des autres visiteurs, notre hôte, en échange de quelques remarques polies, m'assura que ma présence dans leur pays plaisait infiniment à tous les Youa- ganda ; et comme il avait entendu raconter que mon peuple était gouverné par une femme, il me demanda « ce que je penserais, si les Youaganda la détrônaient pour me mettre à sa place ? » Sans répondre spécialement à cette insinuation, je lui montrai une carte où je lui fis remarquer les dimensions respectives de notre territoire et de celui où règne Mtésa ; comparaison qui parut lui fermer la Louche. Cet illustre commandant en chef, malgré le nombre de ses femmes, n’a pas encore eu d’enfants, et s’enquiert avec ardeur des moyens que ma science pourrait lui fournir pour combattre à ce sujet l’influence de sa mauvaise étoile. 11 m’a donné généreusement une chèvre et des œufs, ajoutant « que mes gens avaient parfaitement le droit de cueillir des bananes dans tels jardins où il leur plairait, pourvu, tou tefois, que ces jardins ne fussent pas situés au delà d’un certain rayon, et qu’on s’abstînt soigneusement de pénétrer dans les maisons ou d’enlever autre chose que des fruits.»— Annonçant ensuite qu’il était las, il s’est retiré sans plus de cérémonie. Rentré chez moi, j’y ai trouvé Nasib et Maoula qui m’atten daient avec tous les objets par moi renvoyés à la reine. Au lieu de s’offenser comme ils le craignaient, elle a paru fort irritée contre le portier qui, la veille, ne l’avait pas prévenue de mon arrivée. Après l’avoir châtié de ses mains, elle a examiné un à