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316 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. les rues de Londres, la politique des joueurs d’orgues. Pourquoi ne serait-ce pas la mienne? 17 mars. — Maoula et Nasib sont allés rapporter les présents de la reine, pendant que je me rendais chez le kamraviona. Pour s’attester à lui-même son importance, il n'a pas craint de me faire faire antichambre avant de m’admettre dans une cour intérieure où je l’ai trouvé assis avec quelques anciens, tandis que les ménestrels-vouasoga célébraient par leurs chants, en s’accompagnant de leurs petites harpes, et la grandeur du monar que et la venue du noble étranger, ses beaux habits, sa magnifi cence, etc., etc. Lejeune chef,—beau garçon, d’ailleurs, et qui n'a pas vingt ans,—affecta d’abord de ne pas lever la tête à mon ap proche; puis en me priant de m’asseoir et même en s’informant de ma santé, il semblait vouloir exprimer par son accent une sorte de condescendance hautaine et de lassitude distraite. Ce pendant cette mauvaise plaisanterie ne se prolongea pas au delà de quelques minutes, et son attitude fut (rès-diflérente dès que j’eus pris la parole pour témoigner le désir d’être présenté à tous les assistants. Parmi eux était un certain Mgéma, vieillard d’un aspect majestueux, qui avait eu jadis l’honneur de prêter ses épaules au feu roi Sounna, dont il était le Bucéphale attitré ; Mpungou, jadis cuisinier de Sounna, et qui tient également à la cour un rang élevé ; puis Usungou et Kunza, deux bourreaux très- bien placés et possédant toute la confiance du roi, finalement Jumba et Natiga, qui font remonter leur généalogie au temps des premiers rois de l’Ouganda. A mesure que je prenais note de leurs différents noms, je les voyais se réjouir d’être inscrits ainsi sur mes tablettes. Kunza, l'un des deux bourreaux, solli cita de moi comme une grande faveur, que je voulusse bien plaider la cause de son fils auprès du roi, et faire révoquer l’ar rêt de mort prononcé, je l’ai dit, pendant la dernière récep tion. J’ai cru devoir tout d’abord, dans l’intérêt de ma dignité, soulever quelques objections, basées sur ce « qu’un homme tel que moi ne peut s’exposer à la chance d’un refus. » Mais sur les assurances du kamraviona, « que je ne risquais rien de pareil, » — opinion admise par tous les assistants, —je répondis que j’aurais grand plaisir à intercéder pour lui^et le vieillard me serra la main dans un véritable transport de joie. Cette réunion n’avait rien d’amusant, on peut le croire, chacun