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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 315 noncer ma venue,—et dont j’attendais le retour depuis plus d’une demi-heure, en fumant ma pipe au bruit lointain d’une baccha nale enragée, — est revenu me dire que Sa Majesté, tout entière à ses plaisirs, ne pouvait en ce moment me donner audience. Là- dessus, comprenant la nécessité d’une démonstration diploma tique, je me suis récrié, avec une indignation toujours croissante et en fouettant l’air de la baguette à fusil qui me sert de canne contre cette violation manifeste de la foi jurée : « La reine m’a promis, disais-je, que la porte me serait toujours ouverte. Avant de mettre les pieds ici, j’exigerai des excuses formelles pour l’insulte qu’on me fait subir. » De retour chez moi, j’ai fait un paquet de tous les présents dont Sa Majesté m’avait gratifiés, puis, convoquant à la fois Maoula et mes gens, je leur ai enjoint de rapporter ces objets à celle de qui je les tenais. « L’amitié dont ils étaient le gage ne subsistant plus, je ne vois pas pourquoi je m’amuserais à les conserver. » Accueillant tous mes discours d’un rire moqueur : « Le Bana ne sait point à quoi il s’expose, me fait remarquer ce drôle de Maoula.... Rendre ainsi ce qu’on a reçu en présent passe chez nous pour un affront des plus impardonnables. On risquerait sa vie à braver aussi ouvertement la colère de la reine, qui se ferait un point d’honneur, non-seulement de vous restituer ce qu’elle a reçu de vous, mais de contraindre le roi son fils à en faire au tant. Et vous pouvez deviner ce qui en arriverait. Les Youakoun- gou seraient tués par douzaines, et le peuple entier maudirait l’étranger dont la présence aurait attiré sur nous de pareils mal heurs. » Bombay, de son côté : * Je vous supplie, disait-il, de ne pas donner suite à cette idée. Vous ne connaissez pas, comme nous, ces peuples sauvages; impossible de savoir ce qui résulterait d’une telle démarche, qui ruinerait peut-être la suite de notre voyage ; d’ailleurs, grâce a tous ces différends, voici quatre jours que nous sommes presque sans nourriture; si nous pillons, vous nous punissez à coups de fouet; les Vouaganda nous battent quand nous leur demandons de quoi manger ...Nous ne savons, en vérité, comment faire. » Je n’en persistai pas moins à prescrire pour le lendemain ma tin l’exécution de Eordre que j’avaisdonné. Il fallait évidemment, pour arriver à quelque chose, me rendre incommode. C’est, dans