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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 313 inutilement trois combats successifs. Le roi, chose étrange à dire, semblait l’écouter à peine: les affaires l’ennuyaient; il ne songeait qu’à mes prouesses de tir et continuait à y voir une incontestable sorcellerie dont il me demandait de lui faire con naître les procédés, secouant la tête quand je lui répétai, à plu sieurs reprises, que tout le sortilège consistait à tenir son fusil bien droit. Ensuite il me pria de charger son revolver, et, de vant la multitude étonnée, envoya successivement cinq balles à deux vaches amenées tout exprès. Alors, se rappelant sou dain l’adjudant que j’avais abattu l’avant-veille, il me fit signe de le suivre dans l’intérieur du palais, où quelques-uns de ses favoris eurent seuls la permission de nous accompagner, le reste des courtisans demeurant bouche béante en face du trône vide. Les oiseaux néanmoins étaient effarouchés et ne nous laissaient rien à faire. Je me mis donc à lui enseigner comment on épaulait, comment on visait, etc., tournant et retournant Sa Majesté dans tous les sens, bien que ces libertés parussent l’in timider tout d’abord. L’assistance, quant à elle, trouvait fort amusant de voir le monarque traité en véritable écolier, et lui- même finit par prendre en fort bonne part le sans-gêne de mes façons un peu brusques. Aussi lui donnai-je, pour le récompen ser, une cravate de soie et l’anneau d’or qui me servait de cachet, ayant soin de lui expliquer « que nous tenions à honneur, nous autres gentlemen, de ne jamais porter un bijou de bronze ou de cuivre. » Il se montrait fort pressant en matière de petit plomb, et je lui répétai que la seule chance de s’en procurer serait pour lui d’ouvrir des communications avec le nord : « Je vais, me répon- dit-il, envoyer une armée dans l’Ousoga pour forcer le passage qui a été refusé à vos gens. — Cela ne me suffisait pas encore, lui dis-je, attendu que ces gens voyageaient au hasard comme de véritables oies, sans connaître la direction des différents pays où on les expédiait. Que s’il voulait convoquer les plus expéri mentés des voyageurs indigènes, je leur expliquerais, au con traire, sur une carte que j’avais apportée tout exprès, la route qu’il fallait suivre, et je n’aurais de satisfaction qu’après avoir vu Petherick. » La carte fut alors exhibée Sa Majesté parut immédiatement en comprendre l’usage et fit venir les Youakoungou auxquels j’avais