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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 311 revanche, il a rencontré le kamraviona, qui attendait comme d’ordinaire le moment, ou, pour mieux dire, le hasard d’une entrevue avec son maître. Le commandant en chef s’est fait raconter l’évasion de la femme qu’il m’avait envoyée, et que j’aurais dû, selon lui, tenir enchaînée pendant les trois ou quatre premiers jours, jusqu’à ce qu’elle fût accoutumée à sa nouvelle résidence. « Les femmes, continue-t-il, sont sujettes à s’effarou cher en pareil cas, prenant volontiers les étrangers pour autant de cannibales. » Bombay n’a pas manqué de répondre, en bons termes, que la femme en question n’était pas digne de m’être offerte. « Mon maître, a-t-il ajouté, n’a pas pris son départ plus à cœur que celui d’un chien ; ce qu’il lui faut, à lui, c’est une jeune et belle Mhouma ; pour le reste, il n’y tient aucunement. — Fort bien, a répondu le commandant en chef ; mais puis qu’il est si difficile, [force lui sera d’avoir patience, car nous ne possédons rien de pareil. Je lui ai donné ce que nous offrons d’ordinaire à tous nos hôtes. * L’adjudant d’hier étant resté mort dans son nid, un Msoga, par ordre du prince, l’est allé chercher, ceux de sa race étant en général d’excellents grimpeurs; mais lorsqu’il n’était encore qu’à moitié de l’arbre, un essaim d’abeilles est venu fondre sur lui et l’a forcé de battre en retraite. 14 mars. — Après toutes les vaines démarches que j’ai faites pour obtenir une résidence plus convenable, je viens enfin d’y réussir, grâce à un judicieux emploi de cette corruption admi nistrative qui fleurit, paraît-il, dans tous les pays, mais que je n’avais pu employer encore sous les yeux et le contrôle d’une cour jalouse. Quinze pintes de rassades mêlées, vingt grosses perles bleues et cinq bracelets de cuivre, envoyés au comman dant en chef comme gage d'amitié, ont mis à ma disposition l’influence de ce haut fonctionnaire. Aussi m’a-t-on assigné pres que immédiatement un groupe de huttes situées dans un grand jardin de bananiers, sur le penchant d’une colline, et donnant sur la grande route qu’elles dominent. Aucuns visiteurs, à l’exception des ambassadeurs vouahinda, n’ont encore occupé cette rési dence tout à fait aristocratique. De là j’aurai vue sur le palais; la musique qu’on y fait arrive à mes oreilles; je vois entrer et sortir les foules qui affluent de tous côtés vers le séjour royal.