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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 307 du monde, et que le monarque, — réprimant à grand’peine son orgueilleuse satisfaction, — interpellait tour à tour ses flatteurs, comme s’il se sentait doublement roi de la terre qu’il foulait avec un tel appareil. Devenu dès lors plus familier : « Voyons, Bana, me dit-il, convenez que vous n’avez pas tué cet oiseau avec des munitions ordinaires!... Je m’aperçois bien qu’il y a un peu de magie là-dessous. » Vainement essayai-je de le dissuader. « Au surplus, reprit-il, nous verrons bien. — S’agit-il de buffles? lui demandai-je. — Non, les buffles sont trop loin.... Nous attendrons, pour courir après eux, que je vous aie logé dans le voisinage. » Et tout aussitôt, quelques hérons venant à passer au dessus de nos têtes : « Tirez maintenant, tirez! » me dit-il. A droite et à gauche, il en tomba deux. Le prince ouvrait de grands yeux, et chacun me contemplait d'un air effaré, bien cer tain d’avoir affaire à un sorcier. Le roi manifesta son désir d’avoir une image représentant ces hérons, pour la suspendre dans le palais. Puis il me demanda de renouveler l’épreuve, ce qui ne fut pas difficile, attendu que les hérons ayant leur nid sur un arbre voisin, persistaient à tournoyer au-dessus de nous. Quand il eut donné ordre de porter à la reine, pour les lui montrer, tous les oiseaux par moi tués, à l’exception du vautour, (que les pages s’abstinrent de toucher, je ne sais pourquoi), il nous dirigea du côté du palais, s’installa dans la hutte qui lui ser vait de salle du trône, renvoya ses femmes et ses Vouakoungou, se fit verser plusieurs rasades de pombé par son état-major de sorcières, et me tint assis devant lui ainsi que mes hommes, jusqu’au moment où, incommodé par les rayons du soleil, je sollicitai la permission de placer mon siège auprès du sien, ce qui me fut accordé sans trop de peine. Milans, corbeaux, éper- viers volaient autour de nous dans toutes les directions, et quand ils se trouvaient à portée, il fallait absolument tirer dessus pour satisfaire cet enfant-roi. Ceci dura jusqu'à ce que je fusse à bout de munitions. Encore voulait-il que je fisse chercher un supplément de menu plomb ; mais quand je lui eus dit que je n’en aurais plus avant l’arrivée de mes compagnons, il se con tenta de me demander quelques grains d’échantillon qu’il fit