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306 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. volaient, j’abattis l’un d’eux qui alla tomber dans un enclos de jardin. Pendant un instant les Vouaganda restèrent tous immobiles, sous le coup de la première surprise ; mais le prince, avec un bond frénétique et frappant ses mains au-dessus de sa tête : « Woh! woh! woh!... Quelle merveille!... Ohl le Bana, le Bana! quels prodiges il accomplit!» Ce que tous les Vouakoungou répétèrent en chœur: « Chargez maintenant, Bana; chargez et voyons com ment vous savez vous y prendre ! » poursuivit Mtésa de plus en plus animé ; mais, avant que l’opération ne fût à moitié terminée : « Venez, venez vite !... reprit-il encore. Sachons ce qu’est devenu l’oiseau ! » Indiquant ensuite aux officiers la route qu’ils avaient à prendre, —car, d’après l’étiquette de l’Ouganda, aucun d’eux ne doit marcher derrière le roi, — il leur fît traverser une cour où ses femmes, redoutant la détonation des fusils, étaient allées se cacher. Là se trouvaient des palissades nouvellement élevées qui arrêtèrent un instant les gens de la troupe. Mais le prince lança d’une voix irritée l’ordre de marcher en avant, et cette masse d’hommes, se jetant à la fois sur l’obstacle, l’eut bientôt brisé, renversé, foulé aux jjieds, comme fait l’éléphant des jeunes arbres qui gênent sa marche. Pêle-mêle se poussant, trébuchant les uns sur les autres, de peur d’arrêter le roi, ne fût-ce qu’une seconde, ou de se trouver à portée de ses coups, ils arrivèrent jusqu’à l’oiseau qui gisait à terre : « Woh, woh, woh! » reprit Mtésa de plus en plus émerveillé ; puis, appelant les femmes qui accoururent de tous côtés dans un état d’excitation difficile à rendre, il leur fît acclamer mon adresse par des Woh, woh! pour le moins aussi bruyants que les siens. Après quoi, il donna l’ordre de continuer, dans le même ordre, vers le palais de la reine : les courtisans en avant-garde, puis les pages, derrière eux le prince, sur les pas duquel je marchais, — car je ne l’au rais précédé pour rien au monde, — suivi moi-même par les femmes, au nombre de quarante à cinquante. Pour tirer parti de la bonne humeur où je voyais le prince, et voulant d’ailleurs me mettre à l’abri des ardeurs du soleil, je lui proposai de partager avec moi la jouissance d’un parasol et, sans attendre sa réponse, j’ouvris le mien au-dessus de sa tête. Nous nous trouvâmes ainsi côte à côte, à la grande surprise des Voua koungou, tandis que les femmes caquetaient le plus gaiement