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304 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. fumant ma pipe et buvant du pombé. Dès le point du jour, je fis évacuer ma hutte, où je rentrai pour engager avec la reine un débat prévu d’avance. 11 mars. — Le matin, comme je m’y attendais, elle me fait demander de fort bonne heure. Réponsë : « Je suis encore au lit et je n’ai pas déjeuné. » Sur les dix heures, nouveau message. La reine est surprise de mon peu d’empressement, après qu’elle a tout arrangé, selon mon désir, pour prendre convenablement sa seconde médecine. Je ne suis pas encore levé, mais bien certain qu’on ne me laissera pas de repos, j’expédie Bombay pour admi nistrer la quinine en mon lieu et place. Grande colère de Sa Majesté, qui ne veut recevoir aucun remède de sa main, ni rien croire de ce qu’il lui raconte au sujet des procédés de Maoula. Ce dernier, adroit menteur et rusé coquin, jouit d’un crédit im mense auprès de la reine. Vers midi, je me décide enfin, ayant terminé à loisir tous mes préparatifs, et je me rends chez la N’yamasoré. A son tour, elle me fait attendre et m’accable, dès son arrivée, des reproches les plus amers. « Maoula, selon elle, a bien agi : je ne dois pas supposer que, pour me donner asile une nuit, on délogera de grands of ficiers, propriétaires de vastes établissements ; il fallait me con tenter de ce qui m’était offert, etc. » Puis, sans rien vouloir enten dre, elle demande sa médecine, l’avale en déclarant que « la dose était bien médiocre, » et se retire comme elle était venue,c’est-à- dire de mauvaise humeur. Pour attendre qu’elle s’apaise, prolon- geantmavisitejusqu’àtroisheuresdusoir,je cause avec quelques officiers du Kidi et j’obtiensjd’eux, — contrairement aux lois de l’Ouganda, —certains détails passablement confus sur la géogra phie du pays. « Au delà de la rivière Asoua, chez les Gallas, il existe, à ce qu’ils prétendent, un autre lac sur lequel naviguent les habitants du littoral, au moyen de très-grosses embarcations. Il y a dans les environs une montagne excessivement haute, et cou verte d’une poussière jaune que les naturels recueillent avec grand soin, etc. » Le temps s’écoulait, et la reine paraissait décidée à ne plus se montrer. Cependant, en lui faisant dire que nos différends pro venaient sans doute de la fausse interprétation donnée à nos pa roles et de ce qu’on ne lui avait pas assez fidèlement exprimé les bons sentiments dont j’étais animé pour elle, j’ai obtenu qu’elle