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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 303 de n’yanzig assez fervents pour exprimer leur joie et leur recon naissance :— « Hai, Minangè !... liai, Mkhama Wangü... (ô mon chef, ô mon roi), » s’écrient-ils à plat ventre, les jambes en l’air, balayant le sol de leurs joues et de leurs mains, comme si le monarque, en se manifestant à eux sous ce nouvel appareil, faisait preuve d’une munificence extraordinaire. Quant à lui, sans prendre garde à leur abjection : « Voyons, ma mère, dit-il, le moment est venu d’avaler votre médecine.» En effet, il a été solennellement convoqué, paraît-il, afin d’assister au traitement dontlje suis chargé. La quinine avalée, non sans grimace, deux vierges couleur d’ébène arrivent sur le théâtre, portant, la double couverture de laine rouge que la reine tient de moi ; exhibition nécessaire, car le roi ne doit rien igno rer de ce qui se passe. La cour entière est en extase. Le roi témoigne son approbation en posant ses mains sur sa bouche, la tête inclinée de côté avec un regard en coulisses. Les yeux de la reine se promènent tantôt sur moi, tantôt sur la couver ture, tantôt sur son fils ; mes gens baissent la tête de plus en plus, pour n'être pas soupçonnés de lorgner le beau sexe, et les Vouakoungou n’yanzigcnt de plus belle, emportés par l’élan d’une reconnaissance bien légitime à coup sûr. J’étais arrivé le cœur plein d’amertume, et bien décidé à ne pas épargner mes deux hôtes ; mais il me fut impossible de leur garder rancune en face de ce tableau de famille tout à la fois si naïf et si gai. J’en pris texte pour adresser à Mtésa des félicitations qu’il écouta sans mot dire, et après lesquelles il se retira, gar dant plus que jamais ses allures léonines. La N’yamasoré dispa rut à son tour et je fus conduit daiis la hutte qu’on m’avait pré parée pour la nuit ; elle était neuve et c’est à peine si, mon lit une fois logé, il me restait de quoi coucher un de mes gens. Je les mis donc tous à la porte, sauf un seul, et après avoir dîné, je me préparais à passer une nuit tranquille, lorsque l’arrivée de Maoula suivi de tous ses * enfants, » vint me démontrer le néant de mes espérances. Vainement protestai-je contre cette invasion de mon domicile, où je suffoquai bientôt, au milieu de tous ces Vouaganda nourris de bananes crues. Maoula prétendait avoir ordre exprès de coucher avec le Bana, et plutôt que de le chasser à coups^,de pieds, — ce dont j’avais grande envie, on peut le croire, —je me décidai à me promener toute la nuit,