299 LE PALAIS DE L’OUGANDA. naissance de deux jumeaux (mabassa) mis au monde par une de ses femmes, avait donné lieu à une fête qui absorbait son atten tion. ■— Elle a pourtant fait dire à mon messager qu’elle le re cevrait demain. 8 mars. — Je me suis rendu chez Mtésa aussitôt après mon déjeuner, pensant cette fois que j’en arriverais à mes fins. Mais, malgré le signal convenu, on m’a requis de patienter comme à l’ordinaire, parmi les Youakoungou et les musiciens. Quand j’ai voulu tirer un rideau entre l’assistance et moi, pour, faire ma sieste en attendant l’heure favorable , les officiers se sont oppo sés à ce manquement aux lois du royaume, et ne m’ont laissé d’autre alternative que de me promener de long en large dans la cour, mal défendu par mon ombrelle contre les puissants rayons du soleil. Mon impatience s’est traduite bientôt par des signes non équivoques, et les Vouaganda, qui l’ont remarquée, se sont mis en devoir de fermer les portes pour m’empêcher de battre en retraite. J’ai entamé à ce sujet une scène violente et le roi, qui sans doute en entendait quelque chose, m’a fait apporter du pombé par manière de calmant. Je me suis bien gardé d’y toucher, prétextant un grand « mal au cœur » et on est aussitôt venu m’annoncer que Sa Majesté se préparait à me recevoir immédiatement. Admis en effet dans une petite cour ouverte et non bâtie, j’y ai trouvé Mtésa simplement accroupi sur une de ces couvertures de laine dont les Arabes garnissent le bât de leurs ânes. 11 était entouré de quatre pages ; un cin quième lui servait de dossier. Invité par un geste à prendre place devant lui, je demandai la permission d’ouvrir mon parasol, attendu qu’il faisait très- chaud. Le roi s’étonnait que je pusse « faire de l’ombre » si aisé ment, et bien plus encore de ce que j’en avais besoin. Il fallut lui expliquer, en quelques mots, la différence des climats entre son pays et le mien, ce qui me conduisit à lui dire que s’il n’y voyait pas d’inconvénient, je me placerais volontiers à l’abri de la palissade. 11 y consentit sans marchander, et voulut ensuite se faire expliquer « en quoi j’avais pu être offensé qu’on requît mes hommes de concourir à une saisie pratiquée par ses ordres. » Le page dont la conduite m’avait paru blessante arriva bientôt la corde au cou, les mains garrottées et tremblant de tous ses mem bres. Il prétendait n’avoir agi que par les ordres exprès du