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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 295 plus lentement, pour donner aux autres le temps de me re joindre. Bientôt je vis passer à côté de moi le Youazinza chargé de la même confiscation, et qui se dirigeait du côté où l’attaque devait avoir lieu. Presque simultanément, à l’opposé du palais, la poudre de mes gens se mit à « parler. » Comprenant que j’étais dupe de quelque artifice, je rentrai dans ma hutte pour voir ce qui arriverait de tout ceci. Les pages, effectivement, en étaient venus à leurs fins. Sous prétexte de conduire Bombay par un chemin de traverse, ils l’avaient mené, lui et mes gens, devant la demeure qu’il s’agissait de mettre à sac, comptant bien qu’une fois là, l’instinct du pillage, inné chez les nègres, l’emporterait sur tout sentiment d’obéissance. Et c’est ce qui avait eu lieu, car je vis bientôt revenir dans mon camp, — spectacle assez étrange pour un gentleman anglais, — mes pillards pliant sous le poids du butin, et traînant après eux, dans leurs huttes res pectives, des enfants avec leur mère, des chèvres, des chiens, mille autres dépouilles opimes qu’ils rapportaient en triomphe. Bombay seul, docile à mes ordres, s’était abstenu de toute ra pine. Je l’accablai de reproches, mais il allégua, pour s’excuser, la mystification pratiquée à son égard comme au mien. Il y avait là, selon les règles de la diplomatie africaine, à se tirer d’un assez mauvais pas. J’ai donc ordonné que tous les effets saisis seraient remis à Maoula pour le compte du roi, et, mena çant de congédier quiconque se permettrait de retenir la moindre parcelle du bien volé, j’ai fermé pour deux jours entiers la porte de ma tente, où j’annonce que je vais faire pénitence; à l’excep tion de mon cuisinier limas, personne, pas même Bombay, n’aura le droit d’y pénétrer, car non-seulement le roi est cause que mes gens ont péché, — qu’ils ont déshonoré leur * drap rouge, »— mais en outre il m’a infligé une insulte que je re garde comme intolérable. Je serais honteux de montrer mon visage au grand jour.... La porte venait de se refermer, quand d’autres pages m’ont apporté, de la part du roi, le fusil Whitworth, qu’il me prie de nettoyer. Vainement ils réclament qu’on leur ouvre ; personne n’oserait tenter de pénétrer jusqu’à moi, et ils s’en retournent sans avoir obtenu satisfaction. 6 mars. — Ma pénitence continue. Bombay, par mon ordre, se prépare à éclaircir l’affaire d’hier, lorsque les maudits pages