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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 293 — elles ne pouvaient être attribuées qu’à une extrême jalousie de la préférence qu’on me supposait pour la reine, — Maoula, plus qu’à moitié gris, m’amenait, contrairement à toutes les règles, un mkoungou 1 assez haut placé. Cet homme, dont la physio nomie sournoise et l’effronterie me déplurent au dernier point, pénétra sans façon dans ma hutte, et, prenant les « tuyaux à pombé » dont la reine m’avait fait présent, parut insinuer par des gestes railleurs qu’il y avait entre elle et moi des rapports intimes. Autant que je pus comprendre ces plaisanteries, elles consistaient à dire « que je ne pourrais plus me résoudre à boire le pombé autrement qu’avec ces engins chéris. Du reste, il m’en fournirait une vingtaine de pareils, si j’en avais besoin, pour les montrer à mes amis quand j’aurais quitté l’Ouganda; » puis, joignant la pantomime à la parole, l’immonde personnage retira du pot le tuyau dont je me servais ordinairement, et, après l’avoir remplacé par un de ceux qui me venaient de la reine, s’en don nait à cœur joie de pomper ma bière, quand je lui arrachai vio lemment cette espèce de biberon, que je mis de côté. Cet ami prétendu de Maoula, —je le soupçonnais d’être un espion, — voulut ensuite savoir « lequel j’aimais le mieux, de la mère ou du fils ? .— La mère, la mère! s’écria Maoula sans me laisser le temps de répondre.... Il ne s’inquiète guère de Mtésa.... Jamais il ne va le voir. — Non, non, reprit l’autre avec l’accent de la flatterie; Mtésa ne lui est pas indifférent, et, sans aucun doute, il l’ira voir.... N’est-ce pas, Bana, vous irez? * Mais je refusai de répondre, car, en l’absence des deux inter prètes, je craignais de me compromettre par quelque maladresse. Le dialogue n’en continuait pas moins entre les deux ivrognes, Maoula jurant toujours que j’aimais mieux la mère, tandis que son ami, — m’interrogeant du regard et me sollicitant ainsi de confirmer ses paroles, — persistait à préconiser mon affection pour le fils. Quand ils virent que je ne me laissais pas inti mider et lorsqu’ils furent, las de ces vains propos, ils s’éloignè rent à la fin, le nouveau venu m’ayant conseillé, par manière d’adieu, de mettre un burnous arabe la première fois que j’irais I. Mkoungou, nos lecteurs ne l’ont peut-être pas oublié, n’est autre chose que le singulier de vouakoungou.