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292 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. nait pas immédiatement une autre attitude et continuait à mé connaître le respect qui m’était dû.... Pareils procédés étaient bons pour les colporteurs arabes qui l’avaient sans doute habi tué à les traiter sans aucun égard.... Pour moi, je ne me mon trerais pas si patient, et personne, pas même le roi, ne me ferait quitter ma hutte avant que l’envie ne me prît d’en sortir. » L’expression de ma légitime colère eut bientôt ramené chacun à son devoir. « Mtésa, me hâtai-je d’ajouter, m’avait offensé dans la personne de mon messager. Il était le premier qui se fût permis de barrer le passage à un homme chargé de mes ordres, et je ne lui pardonnerais que lorsque la reine aurait reçu les remèdes à elle adressés. » Pour donner plus de poids à mes pa roles, je chargeai Bombay, toujours porteur de la quinine, d’aller avec les pages raconter au prince tout ce qui s’était passé. Il devait en outre insister sur « la honte que j’éprouvais d’être si mal logé, le regret que me causait notre éloignement réciproque, mon désappointement et mon humiliation chaque fois qu’on me faisait attendre au palais, pendant des heures entières, le mo ment d’être admis auprès de lui.—D’ailleurs le soleil m’incom modait, et je ne pouvais m’y exposer fréquemment sans courir de véritables dangers, Tous ces obstacles, un mot de lui les ferait disparaître. » Maoula resta seul auprès de moi, tandis que Bombay allait accomplir son message. Mtésa, surpris de le voir à ma place, lui demanda compte de mon absence; mais, dès les premiers mots de sa réponse, quittant le trône où il siégeait, il passa dans une autre cour avec une impatience, une irritation manifestes. Plusieurs heures s’écoulèrent ainsi, et Bombay, las d’attendre, fit informer le roi que « sa mission n’était pas tout à fait remplie : il avait des remèdes à porter chez la reine. » La réponse fut * qu’il était libre de continuer sa route, » et mon ambassadeur se rendit immédiatement chez la N’yamasoré. Là, de nouveaux ennuis l’attendaient : on lui fit faire le pied de grue jusqu’à l’entrée de la nuit, où, de guerre lasse, il remit la quinine aux mains de N’yamgundou, chargé de la faire parvenir à qui de droit. Bientôt après, du reste, ce dernier revint au camp pour me prévenir que la reine mère, ne voulant pas prendre médecine aujourd’hui, comptait que je viendrais en personne, et de bonne heure, la lui administrer demain matin. Pendant que toutes ces difficultés m’étaient suscitées à la cour,