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PREFACE. 15 se prétend investi du pouvoir de découvrir les objets perdus ou volés ; on cite même des circonstances où Youganga, jouant un rôle plus actif, entraîne irrésistiblement sur la trace du voleur trois ou quatre témoins devant lesquels il se charge de le punir en le rouant de coups jusqu’à lui faire perdre connaissance. Le pouvoir des talismans est une croyance tellement enracinée dans l’esprit des indigènes, qu’ils achètent au magicien des bâtons, des pierres, voire de la boue, auxquels il prétend avoir commu niqué par ses incantations je ne sais quelles propriétés surnatu relles. Ils croient que certaines fleurs, prises dans leurs mains, les conduiront vers quelque objet perdu ; ils croient aussi que la voix de certains animaux sauvages (oiseaux ou quadrupèdes) leur garantira bonne chance ou les préservera d’un danger. On voit enfin le laboureur nègre construire dans les champs une hutte naine, y placer le grain propitiatoire qui lui conciliera le Malin-Esprit, et lui laisser ainsi prélever une dîme sur son tra vail. Ils donnent également à cette hutte le nom d’ouganga, qui, dans ce cas-là, veut dire église ou chapelle. Parmi leurs coutumes religieuses, il en est d’horribles. Dans les temps de crise, par exemple, après s’être assuré que la guerre est imminente, en inspectant le sang et les os d’une volaille écorchée à cet effet, le magicien dépouille un enfant de sa peau, et après l’avoir étendu tout de son long sur un sentier tracé, enjoint aux guerriers en marche pour le combat, de franchir cet obstacle sanglant afin de s’assurer la victoire. Un autre rite du même ordre s’accomplit lorsqu’un chef, voulant déclarer la guerre à quelqu’un de ses voisins, recourt au mganga pour que celui-ci lui désigne le moment propice au début des hostilités. Notre magicien place sur le feu, à moitié rempli d’eau, un grand vase de terre à la bouche duquel est une espèce de grillage ou de crible formé par des lattes entrecroisées; sur ce grillage il étend côte à côte un petit enfant et un poulet; un second vase de terre, semblable au premier, mais retourné, recouvre le tout